Après La Religion et Les Douze Enfants de Paris, le nouvel opéra noir de Tim Willocks.
Lors d'un week-end arrosé au Cap, un jeune et riche Afrikaner renverse en voiture une jeune Noire sans logis qui erre dans la rue. Ni lui ni ses amis ne préviennent les secours alors que la victime agonise. La mère du chauffeur, Margot Le Roux, femme puissante qui règne sur les mines du Northern Cape, décide de couvrir son fils. Pourquoi compromettre une carrière qui s'annonce brillante à cause d'une pauvresse ? Dans un pays où la corruption règne à tous les étages, tout le monde s'en fout. Tout le monde, sauf Turner, un flic noir des Homicides. Lorsqu'il arrive sur le territoire des Le Roux, une région aride et désertique, la confrontation va être terrible, entre cet homme déterminé à faire la justice, à tout prix, et cette femme décidée à protéger son fils, à tout prix.
Le fauve Willocks est à nouveau lâché ! Délaissant le roman historique, il nous donne ici un véritable opéra noir, aussi puissant qu'hypnotique. On retrouve dans ce tableau au couteau de l'Afrique du Sud tout le souffle et l'ampleur du romancier, allié à une exceptionnelle force d'empathie. Loin de tout manichéisme, il nous fait profiter d'une rare proximité avec ses personnages, illustrant de la sorte la fameuse phrase de Jean Renoir : " Sur cette Terre, il y a quelque chose d'effroyable, c'est que tout le monde a ses raisons. "
Mon avis
Connaissant le style d'écriture de Tim Willocks je me suis jetée sur "La mort selon Turner " comme la petite vérole sur le bas clergé (j'aime la placer celle-là). Grand bien m'a fait car c'est une histoire super bien foutue avec un contexte intéressant, car je suis peu habituée au climat du Cap-Nord.
L'auteur est précis et nous fait connaître les personnages du roman avec l'art de manier les mots qui font de lui (à mon humble avis ) un auteur de "roman noir-thriller" qui n'as rien à envier aux plus grands.
Quand Turner est envoyé à Langkopf pour enquêter sur la mort d'une pauvre fille au pied d'une benne à ordures et devant un établissement douteux (dans le paysage tout est douteux) il constate qu'elle à été écrasée par deux fois et qu'elle n'était pas encore tout à fait morte à son arrivée, de plus elle était en possession de la carte de visite de Turner. Il démarre ses investigations et en arrive assez vite à une conclusion.
Et c'est sous cette chaleur écrasante qu'il part pour interroger et recueillir les aveux de Dirk le fils de Margot Leroux.
C'est sur ce simple "accident-délit de fuite" que commence cette histoire de dingue, ce roman noir pure jus !
Afin de trouver le Dirk en question, Turner va devoir se rencarder auprès de la police locale, il faut dire qu'en Afrique du Sud la corruption et la pauvreté est présente partout. Et même si l'apartheid a été abolie en 1994, les noirs et les blancs sont loin d'être toujours copains-copains. Bref, tout ça pour dire que Radebe Turner est noir, la fille morte est noire et Dirk Le Roux est blanc. Cela ne simplifie pas les choses.
Ça les simplifie encore moins quand on s'attaque au fils unique de Margot Le Roux. Elle possède la mine de manganèse, elle est très riche et a beaucoup d'hommes a ses ordres. Vous aurez compris que ça va foutre un beau bazar pour l'enquêteur.
Au fil de la lecture tout se met en place. Tous les passages sont super intéressants. Turner se révèle être un gars sans concession et doué pour le combat.
De fil en aiguille l'atmosphère de l'histoire s'épaissit et toujours avec une écriture fluide qui nous plonge petit à petit dans ... le plus noir encore.
Mais franchement, plus noir que le fameux passage de la seconde moitié du bouquin, tu meurs.
Un passage à ne pas lire si vous êtes une petite nature. Et tout ça avec précision et détails écrit par un spécialiste.
Ben oui, Tim Willocks n'est pas qu'auteur de roman noir. Psychiatre, artiste peintre, chirurgien et maître en arts martiaux ... Bref il met ses connaissances au profit de ses histoires.
Alors si vous ne l'avez pas encore lu, allez y c'est de la bombe.
Fabe
Déjà lu : Green river - Bad city blues - Les rois écarlates.
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