'> Fabebook: 2021

mercredi 14 avril 2021

L'ange rouge - François Médéline

Roman noir
La manufacture de livres
Parution le 1/10/2020
506 pages


À la nuit tombée, un radeau entre dans Lyon porté par les eaux noires de la Saône. Sur l’embarcation,  des torches enflammées, une croix de bois, un corps mutilé et orné d’un délicat dessin d’orchidée. Le crucifié de la Sâone, macabre et fantasmatique mise en scène, devient le défi du commandant Alain Dubak et de son équipe de la police criminelle. Six enquêteurs face à l’affaire la plus spectaculaire qu’ait connu la ville, soumis à l’excitation des médias, acculés par leur hiérarchie à trouver des réponses. Vite. S’engage alors une course contre la montre pour stopper un tueur qui les contraindra à aller à l’encontre de toutes les règles et de leurs convictions les plus profondes. Porté par la plume brillante et explosive de François Médéline, L’Ange rouge invite son lecteur à une plongée hallucinée parmi les ombres de la ville et les âmes blessées qui  s’y débattent.





Mon avis :

SRPJ de Lyon : le commandant Dubak appelé avec son équipe sur les lieux d'un crime : un gars est crucifié sur une barque, écorché et peint d'orchidées.
Cela commence directement, pas de détour grandiloquent, pas de phrases longues à n'en plus finir.
C'est le troisième livre que je lis de François Médéline et je commence à m'habituer à son écriture, pour vous le préciser du mieux que je peux, ce sont des phrases très courtes, je suis certaine qu'au nombre de signes dans son texte, le "POINT" doit battre les records. Mais c'est un style, c'est son style et tout compte fait cela fonctionne très bien. Cela donne un rythme soutenu où rien n'est à jeter.

Bref, revenons à nos moutons, ou plutôt à nos orchidées 😉

Lyon au bord de la Saône, Dubak et son équipe arrivent sur les lieux et c'est le moment de présenter cette équipe : d'abord Mamy, la capitaine Piroli, ex championne de France de boxe (super welter) et maintenant veuve, grosse et voyante à ses heures, c'est un peu le pilier de l'équipe et celle sur qui Alain Dubak compte beaucoup pour le seconder. Elle nourrit l'équipe, elle temporise les excès de Dubak et bouffe des bonbons toute la journée.
Ce crime est horrible et toute l'équipe ainsi que les médias vont être sur le pont H24.

"L'œuvre" peinte sur le corps émasculé et écorché relève du grand art, donc l'enquête va s'engager vers le milieu homosexuel et artistique. Dubak est un flic flic mal dans sa peau avec une enfance et un passé un peu louche, esseulé par la force des choses, abandonné par la femme qu'il aime toujours. Il va conduire cette enquête avec ses doutes, sa logique et ses défauts, il vit au bord de l'abîme de l'alcool, des drogues et de ses faiblesses : tombera-tombera pas ? c'est une question que le lecteur se posera certainement.

Tout les ingrédients d'une bonne enquête sont présents dans ce livre mais aussi cette course aux indices dans Lyon qui fait découvrir ou redécouvrir cette ville sous quasi tous ses aspects. 
Un côté mystiquo-religieux relié à la façon dont le crime est perpétré mais aussi la date à laquelle il a eu lieu (le dimanche des rameaux) est bien présent aussi, sans pour autant en faire des tonnes et un roman du genre car l'auteur reste sans conteste dans le polar.

Tous les personnages du roman ont une identité recherchée et qu'on visualise très bien, très réaliste, chacun d'entre eux a son degré d'importance dans cette histoire. Car il n'y a pas que Dubak et Mamy qui font le taf, les autres membres de l'équipe comme véronique qui est douée dans les recherches, le beur, le black, la psy et les chefs et sous-chefs qui font de ce polar une très bonne enquête menée tambour battant. On en redemande !

Chapitre après chapitre la chronologie des avancées de l'enquête est prenante, les indices et les rebondissements nous font envisager la fin, même s'il nous semble deviner qui est responsable de ces crimes, l'auteur a soigné la dernière partie avec pas mal de surprises. C'est au final un très bon roman où je n'ai rien à redire (c'est rare), chouette écriture, bon rythme et une histoire intéressante.

Je m'arrête ici et vous invite à lire ce polar, car vous êtes là pour ça, non ? 👀
C'est sans doute mon préféré des 3 romans que j'ai lu de François Médéline, fallait que je le dise.

Fabe

Un bruit de couloir dit qu'il y aura peut-être un second tome . . . 
Un lien vers une interview de François Médéline très intéressant sur Le blog du Polar de Velda



jeudi 25 mars 2021

Les incurables - Jon Bassoff

Roman noir
Gallmeister le 5/04/2018
240 pages



1953, quelque part au fin fond de l’Amérique. Le Dr Freeman, neurologue visionnaire mais violemment contesté, est chassé de l’hôpital psychiatrique où il exerce. Il enlève son dernier patient, voué à lui servir d’assistant, et part sur les routes défendre sa méthode thérapeutique révolutionnaire : la lobotomie transorbitale. Armé d’un pic à glace et d’un marteau, Freeman est persuadé qu’aucune dépression, aucune catatonie, aucune psychose ne lui résistera. Jusqu’à ce que, dans une petite ville de l’Oklahoma, sa propre santé mentale soit mise à rude épreuve par une galerie de personnages délirants. Un prêcheur qui prend son fils pour le Messie, une jeune prostituée démente et une fratrie de gros bras manieurs de machettes se chargeront de lui rappeler qu’une foi aveugle ne peut mener qu’au désastre.
Inspiré par un personnage réel, Les Incurables est un roman profondément noir, aux allures de fable grotesque vicieusement efficace.



Mon avis :

A la lecture des premières pages j'ai pensé m'être fourvoyée dans le choix de ce livre,  ça commence un peu à la "Frankenstein version 1953" ...
Mais pas du tout, très vite cette écriture très sombre et très "simple" (si je peux dire) m'a emmenée dans la noirceur de l'âme, la pauvreté de l'esprit, le minable, l'inimaginable sans aucun espoir de lueur à l'horizon.

En 1953 le Docteur Freeman exerce son métier de neurologue d'une façon peu conventionnelle, il a comme méthode la lobotomie transorbitaire, c'est pour lui la seule façon de guérir les patients atteints de folies meurtrières sans devoir passer par les médications traditionnelles. Armé de son pic glace et de son marteau de charpentier il perfore dans l'orbite et rend ses patients dociles et inoffensifs.
Edgard Ruiz est son dernier patient opéré quand ce brave docteur Freeman se retrouve devant la direction de l'hôpital qui lui signifie l'obligation de cesser cette pratique digne d'un Mengele.
Il se refuse à ne pas faire profiter de sa technique les nombreux psychotiques violents et décide de fuir en emmenant Edgar sur les routes des États-Unis pour faire connaître au monde cette pratique qui sauve de cette folie meurtrière.
Je vous précise que personne n'est finalement normal dans cette histoire et le fait que la femme de ce docteur maboul soit aussi dérangée de la cafetière, encourage Freeman à foutre le camp sans remord.

On le retrouve deux ans plus tard sur les routes américaines, voyageant de villes en villes avec Edgard comme assistant et comme preuve irréfutable de son savoir-faire. Il zone dans les fêtes foraines et autres places ou il peut dévoiler et pratiquer son art de guérir les fous dangereux
Quand il arrive à Burnwood, un patelin oublié où la misère est partout et les habitants un QI d'huitre et un avenir impossible, il y côtoie le cracheur de feu et autres exhibitions qui réunit cette population figée, endormie par la pauvreté.

Et c'est à Burnwood qu'il rencontre Donald Stanton, un prédicateur accompagné de son fils Durango, a qui il fait porter une couronne d'épines sur un trône de fortune, dont il affirme être le sauveur, le rédempteur.
Tous les personnages de ce roman sont dérangés du cerveau, tous sont au bout du rouleau et incapables ne fusse que de pouvoir visionner un avenir heureux. 
Il n'y a aucun bonheur dans ce livre et l'histoire qui va lier Freeman à Stanton et Duango va nous plonger encore plus bas. Même avec l'arrivée de Scent, une fille de seize ans complètement barrée que rencontre le jeune Durango, il n'y a aucun espoir de joie ou de fin heureuse …
Bien au contraire, l'auteur va nous mener plus profondément encore dans ce tourbillon de folie, de réel désespoir et de violence inextinguible !
Que ce soit cette rencontre avec Scent qui vit avec sa mère, qui elle détient un vieux secret, ou avec le shérif, ou encore cette relation entre Stanton et son fils, tous sont marqués par la pauvreté et n'ont plus grand chose à perdre, si ce n'est le dernier rempart vers la folie totale, le sexe, le meurtre, l'argent, le démon et la rédemption.

Seul le docteur Freeman détient la solution, il en est persuadé mais jusqu'où tiendra t-il cette conviction, accroché à sa volonté inébranlable de sauver l'insauvable ?

La fin de ce roman explose dans les mêmes teintes, jamais dans la lumière. 
Jusqu'à  … peut-être … rencontrer le diable en personne.

J'espère avoir réussi à vous donner envie de lire ce roman et comme vous aimez le noir très noir, foncez et lisez Les incurables !

Fabe

Jon Bassoff, né le 6 mars 1974 à New York, est un écrivain américain de roman noir. Les incurables est le deuxième roman après Corrosion en 2016 traduits en français et publiés par Gallmeister.








jeudi 18 mars 2021

Sukkwan Island - David Vann

Nature writing
Éditeur : Gallmeister 07/01/2010
212 pages


Résumé :

Une île sauvage du Sud de l'Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C'est dans ce décor que Jim décide d'emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d'échecs personnels, il voit là l'occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu'il connaît si mal. La rigueur de cette vie et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar, et la situation devient vite incontrôlable. Jusqu'au drame violent et imprévisible qui scellera leur destin. Sukkwan Island est une histoire au suspense insoutenable.

Avec ce roman qui nous entraîne au cœur des ténèbres de l'âme humaine, David Vann s'installe d'emblée parmi les jeunes auteurs américains de tout premier plan.


Mon avis :

Jim décide d'emmener Roy, son fils de treize ans, sur une ile non habitée accessible uniquement par bateau et seulement si la météo le permet.
Il y a une cabane où il faut tout installer, le fumoir pour les provisions pêchées, le bois pour se chauffer et tout ce qu'il faut pour y vivre un an ! Un an loin de tout, un an sans voir quiconque hormis le bateau de ravitaillement si le temps le permet. Un an dans un environnement hostile ou seule la nature a tous les droits.

L'écriture de ce roman est froide, brute, la relation entre ce père et son fils est en recherche, en construction, ils se connaissent mal et peut-être est-ce la raison de cet éloignement pour une année, c'est du moins ce que l'on pourrait penser dans les premières pages du livre.
Très vite les situations sont très difficiles, les maladresses se multiplient aussi bien dans leur survie que dans leur relation père-fils. 
Jim donne l'impression de se reposer sur son fils, ce gamin qui ne connait pas assez son père et qui devient vite déboussolé, dépassé par le comportement de celui-ci
Les descriptions de cet île sauvage, froide et humide rendent le récit captivant, tant par la difficulté pour y survivre qu'au niveau de leur relation. 
Au fil des pages leur solitude les éloigne l'un de l'autre jusqu'à devenir, à la limite deux étrangers qui restent solidaires car leur situation d'isolement les y obligent et puis en même temps ils sont père et fils même si ce fil qui les relient est plus que ténu.
Jusqu'à la moitié de l'histoire cela monte crescendo et à belle allure, on se demande jusqu'où D.Vann veut nous mener quand arrive l'abominable, l'impensable ! 

Cette dernière partie du livre est folie et désespoir sans être malsain outre mesure grâce à l'écriture de D.Vann. Et une fin qu'on peut sentir venir sans pour autant être déçus du voyage.

Jusqu'au bout et jusqu'à la dernière page ce sentiment de malaise m'a tenu la bouche crispée, presque ouverte, tant les situations sont tendues, à fleur de peau. Ce roman est pour moi un véritable roman noir où l'auteur donne à ces deux personnages une relation et un caractère hors norme (surtout le père).

Les mots et les images que ce roman m'a inspiré me restent très présents. 
Je ne vais pas m'arrêter en si bon chemin, je compte bien en lire d'autres de cet auteur 😏
C'est un livre qu'on n'oublie pas !

Fabe

Ceci est le premier roman traduit en français de l'américain David Vann. 
"Sukkwan Island est un roman de l'auteur américain David Vann, publié en 2008 aux États-Unis, au sein d'un recueil de nouvelles intitulé Legend of a Suicide. Le roman est dédié au père de l'auteur, James Edwin Vann, qui mit fin à ses jours." (Wikipédia).
David Vann, né le 19 octobre 1966 sur l'île Adak en Alaska, est un écrivain américain.


jeudi 11 mars 2021

Une assemblée de chacals - S. Craig Zahler

Éditeur : Gallmeister
Parution le 5/10/2017
368 pages


RÉSUMÉ
Après avoir tiré un trait sur leur jeunesse de braqueurs et d’assassins, les quatre membres du “Gang du grand boxeur” mènent désormais des existences rangées et paisibles. Jim a si bien réussi à refaire sa vie qu’il est sur le point d’épouser la sublime fille d’un shérif. Mais un fantôme ressurgi du passé annonce qu'il compte s'inviter à la cérémonie et profiter de la fête pour régler de vieux comptes. La mort dans l'âme, les quatre anciens amis n'ont plus qu'à se donner rendez-vous au mariage, où il faudra vaincre ou mourir. Mais ce qui les attend dépasse de très loin tout ce qu'ils avaient pu imaginer...

Entre La Horde sauvage et les films de Tarantino, un western noir terriblement efficace.





Mon avis

Très peu habituée à lire du western, par apriori peut-être, je me suis lancée dans ce roman noir et sauvage et dès les premières lignes je sentais que ça allait me plaire.

Dans un coin de Virginie en 1888 Oswell Danford vit avec sa femme et son frère aîné Godfrey. Une vie paisible qui va être bouleversée par l'arrivée d'un télégramme qui pourrait être un message de bonheur car leur vieil ami Jim (James Lingham) se marie avec la fille du shérif et les invite au mariage, eux ainsi que Dicky, qui lui vit à New York. Les 3 hommes reçoivent le même télégramme et sont loin de se réjouir car il est stipulé dans ce message : "Toutes les vieilles connaissances seront présentes"

Chacun s'apprête à partir pour le Montana avec la boule au ventre. Oswell et Godfrey s'équipent d'armes inutilisées depuis longtemps et rejoignent sur le chemin le beau Dicky, le dandy de ces dames. on ressent dans l'écriture du roman qu'ils partent pour un voyage infernal. Oswell commence à écrire une longue lettre à sa femme au cas où il ne reviendrait pas ! Ses révélations informent le lecteur du passé de ces 4 gars surnommé "le gang du grand boxeur". Car en effet, 10 ans plus tôt ils étaient voleurs, pilleurs de banques et assassins. Ils ont été associés à Quinlan, un irlandais complètement barge, d'une rare violence redoutable et d'une mémoire infaillible, qui a des comptes à régler avec le gang ...
Quinlan les attend au tournant, de ça nos trois voyageurs ex braqueurs en sont certains, mais où, quand et comment, seul le bout du voyage le leur apprendra. Si Quinlan s'invite à la noce ils savent d'ores et déjà qu'il est fort possible qu'ils ne reviennent pas.

D'autre part l'auteur nous relate le présent, un aperçu de quelques membres de la bande de Quinlan, Pickles le dessinateur barge, les jumeaux sanguinaires dont un à perdu sa langue sous le couteau d'un indien, tout se met en place en attendant l'arrivée des frères Danford et de Dicky.
Dans cette écriture on se sent vraiment dans un western digne des films qui ont bercés notre jeunesse, mais plus noir encore car ce qui attend les trois voyageurs et leur ami Jim (le futur marié) va nous faire monter l'angoisse et l'adrénaline.

Dans ce roman il y a trois parties, la première est ce voyage avec ses raisons, ses angoisses et la confession d'Oswell.

Dans la deuxième, on fait connaissance avec Trailspur, cette ville du Montana où vit Jim et où il va se marier, ses habitants avec leurs petites vies tranquilles, où le shérif s'apprête à marier sa fille et où la plupart s'affairent à la préparation de cette union. On se familiarise avec Jim, un doux géant qui a donné pour nom à ses chiens Jésus et Marie. Jim que l'angoisse de ce télégramme a fait monter en lui se prépare aussi à revoir ses anciens amis en sachant que Quinlan n'est pas loin, qu'il est même possible qu'il le voit et l'espionne, une ambiance mitigée entre le bonheur de son mariage et la peur d'un massacre.

La troisième partie, celle qui nous révèlera la fin de cette histoire, devient de plus en plus vicieuse, machiavélique et violente. Cette confrontation attendue avec impatience qui va nous exploser à la gueule avec des images fortes, pleines de violence de rage et de folies où se mêlera aussi la vulnérabilité de certains. Le décor de cette finale y est pour beaucoup dans les images que j'ai ressenti, un endroit d'où rien de bon ne peut arriver.

J'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce roman qui restera sans doute dans le haut de ma liste de préférences. Il n'est je crois pas nécessaire d'aimer ou pas les westerns pour lire cette histoire qui m'a bien fait frissonner et qui est super bien écrite.
Du début à la fin je ne me suis ni ennuyée ni égarée un seul instant.
Une chouette découverte.

Fabe

(S. Craig Zahler, né le 23 janvier 1973 à Miami (Floride), est un romancier, novelliste, réalisateur, scénariste, directeur de la photographie, compositeur et musicien américain.
Sa bibliographie : Les spectres de la terre brisée (2013) - Exécutions à Victory (2014).)

jeudi 4 mars 2021

Avant les diamants - Dominique Maisons

Éditeur : La Martinière (27 août 2020)

Broché : 528 pages



Hollywood, 1953. L'industrie cinématographique est un gâteau fourré à l'arsenic que se disputent la mafia, l'armée et les ligues de vertu catholiques. Dans ce marécage moral et politique, ne survivent que les âmes prêtes à tout. Le producteur raté Larkin Moffat est de ceux-là. Abonné aux tournages de séries B, il fait vivoter les crève-la-faim du cinéma et enrage contre ce système qui l'exclue. Jusqu'au jour où il se voit proposer la chance de sa vie. Dans cette combine dangereuse vont graviter autour de lui le major Buckman, parieur et coureur invétéré, le très ambivalent père Santino Starace, l'impresario et proxénète Johnny Stompanato. Tous vont croiser leurs destins, multiplier les manœuvres et les crimes dans ce grand cirque du cinéma américain. Alors que défilent les Errol Flynn, Clark Gable, Hedy Lamarr et autres Frank Sinatra, ce petit monde sans scrupule va s'adonner à ce qu'il sait faire de mieux : manipuler les masses et veiller à son profit.



Mon avis

Si vous aimez les romans noirs et avez envie de vous projeter dans Le Hollywood des années 50, ce livre va certainement vous plaire.
Pour ma part je l'ai lu de deux manières, comme une chronique de ce cinéma à la fois Blingbling et manipulé et comme un roman bien sombre où les acteurs ont cette noirceur de l'âme, cette volonté d'arriver à leur fin au mépris des lois, où l'argent achète tout et l'hypocrisie est obligatoire pour arriver "en haut de l'affiche".

Pour planter le décor et définir la place des acteurs de ce roman, l'auteur nous plonge dès les premières pages avec le lancement d'Annie, la bombe nucléaire testée par l'armée. On retient tout de suite le nom et le rôle du Major Bruckman et d'Annie Morrisson (pas la bombe, mais la femme qui deviendra la collaboratrice de Bruckman).
Tous deux vont être chargés de superviser les scénarios hollywoodiens de telle manière que l'armée américaine soit mise en valeur …  Les valeurs puritaines des années 50, le suppression de toutes idées communistes, ben oui c'est l'époque de la guerre froide.

Larkin Moffat producteur raté de films de troisième zone entre en lice, il fera tout pour avoir un peu de reconnaissance, pour arriver à son but de quelques manières que ce soit ! Face à cette Amérique volontairement raciste et homophobe Moffat va se démener pour arriver à ses fins. 
Au fil des pages on fait la fête avec Clark Gable, Errol Flynn, les producteurs et la Mafia. Tout ce petit monde tourne autour de la même chose, la célébrité et l'argent qui va avec.
Les femmes du livre ont un rôle prépondérant dans ce roman, la concurrence pour tourner avec tel ou tel producteur, la monnaie du sexe comme atout majeur, mais pas que …  L'auteur nous brosse des personnalités attachantes au caractère bien fouillé. Dans ce roman on ne se perd pas, la structure de l'histoire est faite de telle manière que tout les protagonistes s'imbriquent avec beaucoup de réalité dans cet imbroglio bien ficelé, Mafieux-Acteurs-Producteurs-Armée-Prêtres.

Si l'amour et quelques bons sentiments sont présents pour l'équilibre du roman, croyez vous que ce soit suffisant pour désamorcer le besoin de reconnaissance face aux paillettes d'Hollywood, face à ce besoin de reconnaissance sous les lumières des projecteurs ? Ben ça, vous le saurez en lisant "Avant les diamants".
Je ne peux pas tout vous raconter, on est bien d'accord n'est-ce pas ? 
Je rajoute quand même que la fin est explosive à souhait, un véritable final !

Pour terminer, vous aurez compris que j'ai beaucoup aimé ce roman de Dominique Maisons, auteur que je lis pour la première fois.

Fabe