'> Fabebook: 2019

jeudi 12 décembre 2019

Scalp - Cyril Herry

Romans Policier / Thriller
Romans noirs -Cadre noir
Date de parution 01/02/2018

224 pages


« Même si n’importe quel bout de terre ici-bas appartient toujours à quelqu’un, la forêt reste la forêt : pas celle des hommes, celle des mythes ; celle des rêves et des peurs. On aura toujours peur au fond des bois à la nuit venue, quoi qu’on dise. »
Hans a neuf ans. Et sa vie va basculer deux fois en l’espace de soixante-douze heures : la première quand sa mère lui annonce que l’homme auprès de qui il a grandi n’est pas son père. La deuxième quand sa mère décide qu’il est temps pour lui de partir à la rencontre du vrai, de celui qui s'en est allé il y a dix ans, Alex, qui vit maintenant en pleine forêt, loin des hommes, à quelques centaines de kilomètres de là.

Cyril Herry habite en Haute-Vienne, où il aime marcher dans les bois, pour mieux s’arrêter, parfois, et construire des cabanes. Scalp, huis clos à ciel ouvert aussi émouvant que glaçant, est son premier roman au Seuil.



Mon avis

Un rural noir bien serré ?

Cyril Herry nous conte un roman rural de France profonde, là où on "touriste" peu, là où le maire fait sa loi, là où la végétation envahit les chemins.

C'est là qu'est parti vivre le père de Hans. Parti en laissant tout derrière lui.
C'est autour et avec Hans qui a 9 ans  que se construit cette histoire.
Avec beaucoup de détails, des mots juste et un brin de poésie, l'auteur nous imprime les images de ces lieux imparfaits ou la nature est brute, où le terrain au bord d'un lac, qui n'appartient à personne, est devenu l'endroit où le père de Hans s'est installé.

Mais c'est aussi l'histoire de Teresa qui a décidé d'emmener son garçon voir ce père qui a fuit sur ce terrain en y plantant sa yourte, révéler la vérité à son fils, même si elle n'est certaine de rien.

Du haut de ses 9 ans ce môme rêve encore d'être un Huckleberry Finn, il aime la cambrousse et chatouiller le poisson, mais surtout il est venu pour voir son père, pour apprendre son histoire.
Il ne découvrira pas uniquement la yourte que celui ci habite, il apprendra beaucoup, sera confronté a des vérités et aussi à la dureté de cet endroit un peu hostile mais qu'il apprécie comme un rêve de p'tit gars ...

Autour de cela quelques personnages douteux qui ne voient pas forcément avec bienveillance cette intrusion dans leur village, vont encore noircir le tableau.
L'auteur décrit avec talent chacun des intervenants, on est happés par leurs rôles et du coup cela se lit d'une traite, que ce soit les adultes ou les enfants, ils ont tous cette particularité angoissante (mais pas trop).
Je dirais que l'auteur a su bien faire la mesure.

Un roman que j'ai beaucoup aimé, très bien écrit, ou plusieurs histoires ne font qu'une qui rendent le récit plus sombre encore.

Une belle plume noire que Cyril Herry  😉

Fabe

dimanche 2 juin 2019

La mort selon Turner - Tim Willocks

Editeur : Sonatine 11 octobre 2018


Après La Religion et Les Douze Enfants de Paris, le nouvel opéra noir de Tim Willocks.
Lors d'un week-end arrosé au Cap, un jeune et riche Afrikaner renverse en voiture une jeune Noire sans logis qui erre dans la rue. Ni lui ni ses amis ne préviennent les secours alors que la victime agonise. La mère du chauffeur, Margot Le Roux, femme puissante qui règne sur les mines du Northern Cape, décide de couvrir son fils. Pourquoi compromettre une carrière qui s'annonce brillante à cause d'une pauvresse ? Dans un pays où la corruption règne à tous les étages, tout le monde s'en fout. Tout le monde, sauf Turner, un flic noir des Homicides. Lorsqu'il arrive sur le territoire des Le Roux, une région aride et désertique, la confrontation va être terrible, entre cet homme déterminé à faire la justice, à tout prix, et cette femme décidée à protéger son fils, à tout prix.
Le fauve Willocks est à nouveau lâché ! Délaissant le roman historique, il nous donne ici un véritable opéra noir, aussi puissant qu'hypnotique. On retrouve dans ce tableau au couteau de l'Afrique du Sud tout le souffle et l'ampleur du romancier, allié à une exceptionnelle force d'empathie. Loin de tout manichéisme, il nous fait profiter d'une rare proximité avec ses personnages, illustrant de la sorte la fameuse phrase de Jean Renoir : " Sur cette Terre, il y a quelque chose d'effroyable, c'est que tout le monde a ses raisons. "


Mon avis

Connaissant le style d'écriture de Tim Willocks je me  suis jetée sur "La mort selon Turner " comme la petite vérole sur le bas clergé (j'aime la placer celle-là). Grand bien m'a fait car c'est une histoire super bien foutue avec un  contexte intéressant, car je suis peu habituée au climat du Cap-Nord.
L'auteur est précis et nous fait connaître les personnages du roman avec l'art de manier les mots qui font de lui (à mon humble avis ) un auteur de "roman noir-thriller" qui n'as rien à envier aux plus grands.
Quand Turner est envoyé à Langkopf  pour enquêter sur la mort d'une pauvre fille au pied d'une benne à ordures et devant un établissement douteux (dans le paysage tout est douteux) il constate qu'elle à été écrasée par deux fois et qu'elle n'était pas encore tout à fait morte à son arrivée, de plus elle était en possession de la carte de visite de Turner. Il démarre ses investigations et en arrive assez vite à une conclusion.
Et c'est sous cette chaleur écrasante qu'il part pour interroger et recueillir les aveux de Dirk le fils de Margot Leroux.
C'est sur ce simple "accident-délit de fuite" que commence cette histoire de dingue, ce roman noir pure jus !
Afin de trouver le Dirk en question, Turner va devoir se rencarder auprès de la police locale, il faut dire qu'en Afrique du Sud la corruption et la pauvreté est présente partout. Et même si l'apartheid a été abolie en 1994, les noirs et les blancs sont loin d'être toujours copains-copains. Bref, tout ça pour dire que Radebe Turner est noir, la fille morte est noire et Dirk Le Roux est blanc. Cela ne simplifie pas les choses.
Ça les simplifie encore moins quand on s'attaque au fils unique de Margot Le Roux. Elle possède la mine de manganèse, elle est très riche et a beaucoup d'hommes a ses ordres. Vous aurez compris que ça va foutre un beau bazar pour l'enquêteur.
Au fil de la lecture tout se met en place. Tous les passages sont super intéressants. Turner se révèle être un gars sans concession et doué pour le combat.
De fil en aiguille l'atmosphère de l'histoire s'épaissit et toujours avec une écriture fluide qui nous plonge petit à petit dans ... le plus noir encore.
Mais franchement,  plus noir que le fameux passage de la seconde moitié du bouquin, tu meurs.
Un passage à ne pas lire si vous êtes une petite nature. Et tout ça avec précision et détails écrit par un spécialiste. 




Ben oui, Tim Willocks n'est pas qu'auteur de roman noir. Psychiatre, artiste peintre, chirurgien et maître en arts martiaux ...   Bref il met ses connaissances au profit de ses histoires.
Alors si vous ne l'avez pas encore lu, allez y c'est de la bombe.

Fabe

Déjà lu :  Green river - Bad city blues - Les rois écarlates.


dimanche 26 mai 2019

Même pas peur - Luc Venot

Editeur : Editions Humanis 17 janvier 2014




Résumé
Des crimes précédés de tortures... Et toutes les pistes qui mènent vers ce foutu foyer de la DASS de la rue Serpolet ! C'est quand même pas des gamins qui ont pu faire ça ?!
Le commissaire Hercule Mapèch en perd son latin. Pour être honnête, du latin, il en a jamais eu beaucoup, mais c'est un teigneux, Hercule, et il ne lâchera pas l'affaire. Fabulous-Fab et Biggy-l'avion-de-chasse sont là pour l'aider, les assassins n'ont qu'à bien se tenir !
Un thriller inventif et culotté, aussi drôle qu'effrayant, aussi émouvant qu'étonnant. Une superbe histoire d'amitié au cœur du monde des paumés.





Mon avis

La D.D.A.S, là où atterrissent les enfants abusés,  mal traités,  pas ou mal aimés. Là où l'enfance n'est plus, tant à savoir si pour eux elle ai jamais existé.
La D.D.A.S, dernière "chance" de survie pour des gosses sans repaires.  La plupart d'entre eux ne s'en sortent pas indemne, tout le monde le sait.
C'est le cas d'Antoine,  d'Émilie et des autres.
D'emblée Luc Venot nous plonge dans l'horreur, Antoine tue ! Il tue des familles, férocement,  mécaniquement.
Et même si l'écriture manque un peu de maturité,  l'auteur nous livre avec force ce thriller où il place le suspense dans la suite de cette révélation des premières pages.
Antoine vit dans un foyer où il côtoie d'autres ados et aussi des adultes en difficulté sociale. Pas facile, mais Antoine est intelligent et fait sa place, se protège avec les moyens dont il dispose.
Son meilleur ami, son frère,  Rio 13 ans vivant dans un squat l'accompagne lors de ces "sorties". Ils sont soudés, unis contre le monde entier.
Antoine rencontre l'amour d'Émilie ainsi que l'amitié adulte et virile de Michel. Mais peut-il y avoir de l'impunité face à la violence,  la haine et le meurtre ?
Des policiers vont entrer dans l'arène et mener leur enquête.
Ce livre aborde non seulement la violence et la vengeance,  mais aussi de l'amour,  de l'amitié et de la justice. Sans pour autant pleurnicher sous le masque de l'hypocrisie.

Ce livre est un cadeau de Carole sans qui je n'aurais sans doute pas lu cette histoire qui par son résumé,  sort de mes sentiers habituels.
Merci Coupine 💖

Fabe

L'auteur :

Né à Paris, ancien photographe, puis constructeur de décors pour spectacles, Luc Venot est un écorché vif qui n’a pas hésité à puiser dans les épisodes de sa vie chaotique pour donner vie à ses personnages. Il ne compte pas en rester à ce premier succès et travaille déjà sur un deuxième roman.
Curieux de tout, sa citation préférée est « Qui accroît son savoir, accroît sa douleur » . Tout un programme…

lundi 15 avril 2019

Tuer Jupiter - François Médéline

23 août 2018
La Manufacture De Livres






Le 2 décembre 2018, le corps du plus jeune président de la République française, Emmanuel Macron, rejoint le Panthéon devant les spectateurs du monde entier. Le pays, le gouvernement et ses proches demeurent incrédules face à son assassinat. Ne reste plus qu’à remonter le temps pour suivre les ramifications du complot qui a conduit à cette fin. Le romancier François Médéline, après dix années passées dans les coulisses du gouvernement, nous offre une fiction politique moderne et percutante. De sa plume explosive, il s’amuse à mettre en scène les grands de ce monde et nous parle du règne de l’image, de pouvoir et de démesure.






Mon avis :

Une lecture d'actualité où certains mécontents y verraient peut-être une bonne idée.  Pourtant François Médéline a  écrit ce livre avant les manifestations des gilets jaunes !
Le roman est écrit, en majeure partie, comme une chronique journalistique.
Des faits, rien que des faits, passés au chronomètre qui dès les premières pages m'ont parues être une ode à un César, un hommage à la France ...
Dans l'univers de la communication qui est le nôtre , la rapidité des informations arrivent par Tweet, texto et autres moyens rapides. L'auteur en joue, voire en abuse mais c'est là une facette de la façon dont ce roman a été écrit. Cela peut plaire ou lasser.  
Brigitte et le président par intérim organisent et enterrent Manu avec tout le faste dont peut bénéficier un homme assurant cette fonction.
D'un autre côté on fait connaissance avec les hommes de la DGSE DGSI ...  et tous les autres abrégés politicos.
Sans rentrer dans une enquête policière classique pour autant, l'auteur dévoile le "pot aux roses". Comment et pourquoi Macron, le jeune président  s'est retrouvé chocolat bleu pâle et se repose au Panthéon.
Les moments voulus plus légers  ... et les phrases à répétition m'ont un peu lassées, dommage.
Après La politique du tumulte de François Médéline qui m'avait bien accrochée et dont je parle ICI, c'est avec un peu de déception que j'ai refermé Tuer Jupiter.