Première parution en 1984
Trad. de l'anglais par Jean-Bernard Piat
« – Tout ça a été bouilli, dit Bowman, et puis ne nous étendons pas sur le sujet, d'accord? Surtout en roulant, ça me donne envie de dégobiller, et j'ai vu presque tout. Voilà pourquoi il n'y a pas d'empreintes, il n'y avait plus de peau sur les doigts – on l'a fait complètement bouillir, on l'a fait cuire, tu vois?»
Un sergent dont on ne saura jamais le nom travaille, toujours seul, sur des crimes non résolus, sordides, peu médiatisés et dont tout le monde se moque. Quatre sacs ont été retrouvés bien alignés dans un entrepôt de Londres, au bord de la Tamise. Ils contiennent des restes humains et annoncent la traque implacable d'un psychopathe à l'étrange bonne conscience…
"Le noir, c'est raconter la mort aux vivants"
Mon avis :
Lorsque la police découvre un cadavre bouilli, découpé en morceaux et emballé bien proprement dans des sacs-poubelle, c'est un sergent enquêteur qui est en charge de l'affaire.
Le cliché habituel du flic écorché, torturé et solitaire aurait pu me lasser, mais non ! C'est un enquêteur dont nous n'apprendrons jamais le nom.
Mais qu'importe... le personnage est bien travaillé et cela n'a aucune importance.
Le style : vieille école, nostalgique, perturbé et complètement désintéressé d'un quelconque avancement dans la hiérarchie sont au rendez-vous.
Il a choisi de travailler en solo et d’œuvrer au sein de la cellule A14, celle des meurtres non élucidés. Il n'a pas d'autres aspirations que celles de bosser sur des crimes de pauvres bougres. Cela contre l'avis de ses supérieurs qui insistent pour qu'il intègre une autre unité.
Très vite l'enquêteur fait ses conclusions :
Maintenant, quelle sorte de malfrat ? Les malfrats tuent souvent de la façon dont ils ont appris à le faire dans leur métier — les chimistes, les médecins, les employés de la morgue. Mais ce meurtre, c’est du travail d’artiste. À ce niveau, c’est de la tuerie de spécialiste. Il n’empêche, quelle sorte de passé ? Dans quel métier un tueur peut-il avoir appris à faire cuire un bonhomme de manière qu’on ne puisse plus l’identifier? Un cuisinier? Un boucher? Un boucher-cuisinier-tueur? Ça ne doit pas courir les rues. Et il est ordonné. Calme.
Billy McGruder est dans le collimateur de l'enquêteur. Ce sont pour moi les meilleurs moments de ce roman, les conclusions, l'ambiance ainsi que les dialogues qui s'installent entre le flic et McGruder sont intelligents, rusés et d'une forte intensité. Le flic le travaille au corps, toujours dans l'intimité, jamais au poste.
Les assassins sont comme les militaires : ennuyeux et dangereux en même temps.
Il coince McGruder, sonne à sa porte, le pousse dans ses retranchements et lui met les nerfs à vif.
Les éléments qui font avancer l'affaire ne s'arrêtent pas là pour autant. Un politicard ou deux sont sur la sellette, mais ce qu'il se passe en amont de l'investigation de terrain n'intéresse que très peu l'enquêteur.
Toutefois, les détails au sujet de la politique du moment sont, pour ma part, un peu longuet. C'est le seul bémol que je retiens.
Encore un bon bouquin ! Mais c'est Robin Cook et l'auteur ne m'a pas encore donné de mauvaises surprises.
Bonne lecture à vous, si vous décidez de vous y mettre !
Fabe
Pour nettoyer autant un cadavre, cela ne peut être que l'œuvre d'une femme :p mdr Belle chronique !
RépondreSupprimerMerci Satrape
SupprimerCoucou Fabe,
RépondreSupprimerTu me fais un réel plaisir en mettant à 'l'honneur un tout grand monsieur du roman noir anglais. Des romans que j'ai lus de lui, c'est certainement un des plus percutants avec, de mémoire, "J'étais Dora Suarez", "Quelque chose de pourri au Royaume d'Angleterre", "Le soleil qui s'éteint",...Belle chronique, claire et qui donne envie. La bise à toi.
Mais c'est gentil tout plein ce que tu me dis là ! Le soleil qui s'éteint, voilà celui que je dois lire.
SupprimerMerci Jean
Je l'ai lu il y a TRES longtemps, et avait à l'époque été fort surprise, pensant que ce Robin Cook ne faisait qu'un avec l'autre Robin Cook, spécialiste en thrillers médicaux ...
RépondreSupprimerDepuis j'ai compris qu'il s'agissait d'homonymes, et découvert J'étais Dora Suarez, que j'ai beaucoup aimé, et Cauchemar dans la rue, qui a au contraire représenté une grosse déception...
Il y a de bons auteurs de noir, la preuve ! et mon seul désir est de maintenant éviter les .. heu !
SupprimerMerci du passage sur le blog, cela donne envie de continuer.