En mai 1983, à la veille d’élections générales que la Dame de fer et le parti conservateur remporteront triomphalement, la petite Hazel Watkins est enlevée à Morley où, en 1974, Clare Kemplay avait disparu (voir 1974 du même auteur). Même si les instances dirigeantes de la police refusent d’établir un lien entre les deux affaires, d’autres jeunes victimes disparues avant Clare refont inévitablement surface : Susan Ridyard et Jeanette Garland. On s’en souvient, c’est sur ces affaires qu’enquêtait le journaliste Edward Dunford. Dans ce dernier volume de sa tétralogie, David Peace va dévoiler la face cachée de ces années noires.
Comme le dit Maurice Jobson dans sa dernière prière : « Je ne fais pas le bien dont j’ai envie, mais le mal dont je n’ai pas envie est ce que je fais. »
Mon avis :
Et voici la dernière étape, le dernier opus du Quartet du Yorkshire ! Je vous le dis tout de suite, c'est un MONUMENT ! Comme ça si vous n'avez pas envie de lire ce qui suit vous pourrez passer tout de suite à la lecture de ces 4 bouquins qui pour moi sont une "fameuse découverte" dans le domaine de la littérature noire.
Contrairement aux romans du genre on pourrait aisément penser que le quatrième volume, celui qui clôture ce quartet, sera celui de toutes les révélations, je vous dirais que oui .. et non ! J'ai été obligée de retourner sur quelques informations précédentes pour y voir plus clair. Pour mieux comprendre aussi comment les fils étaient tirés.
Ce n'est pas un livre que l'on lit en vitesse, c'est une lecture sur laquelle on est obligés de s'attarder. L'écriture toujours aussi hachée, meurtrie, à la fois profonde et survolée est empreinte de violence, de souffrance et de rédemption.
David Peace est vraiment doué !
Trois voix s'y font entendre, John Piggott l'avocat, Maurice Jobson le super-intendant de la police et Bj l'indic. Tour à tour avec des allées et venues incessantes entre les époques, entre les faits, entre les pensées et les cauchemars des uns et des autres.
1983, Hazel Atkins disparaît, Jobson enquête. Mais quel rapport avec les disparitions de 74 ?
Piggott se retrouve à défendre Michael Myskin enfermé depuis très longtemps pour le meurtre de Clare Kemplay.
Piggott semble avoir besoin de rédemption.
Jobson se souvient.
Bj se dévoile ...
Tous les flics sont-ils pourris à l'extrême ? Il semble bien que oui !
Dans cette Angleterre, à cette époque, celle de "M'dam Maggie" Thatcher, dans le Yorkshire sombre et gris, se cachent d'horribles secrets. Peu de temps après, avant et pendant que l'éventreur sévissait.
Certains, comme Piggott veulent faire la lumière, mais le veulent-ils vraiment ?
"Par les trous on voit la lumière et il y aura justice et vengeance car par les trous on voit la lumière, une lumière sainte pour une guerre sainte"
Les retours incessants aux affaires Atkins, Kemplay, etc ... nous retiennent avec beaucoup de concentration. Faut s'accrocher pour suivre, ou refaire quelques retours en arrière (merci la lecture numérique).
Le retour sur Jack Withehead "Le reporter de l'année" est aussi très révélateur, oui mais révélateur de quoi ?
Au lecteur de suivre les pistes, de s'attarder et de démêler.
Chacun sa croix !
Captivant, envoûtant, sont les qualificatifs que je citerais à propos de 1983 !
Et si vous ne comptez pas lire ce Quartet avec attention, si vous voulez des explications toutes cuites ... si vous cherchez un page-turner, ben alors, allez voir ailleurs ! Abandonnez l'idée de le commencer.
Il est impératif de lire les 4 livres dans l'ordre ! Ça vous l'aurez compris.
Par contre si vous aimez les complications, lancez-vous !
Fabe
La même chambre, toujours la même chambre ; soda, pain rassis, cendres dans la cheminée.
Je suis en blanc et je noircis jusqu’au bout des ongles, pousse une coiffeuse à dessus de marbre devant la porte pour la barricader, tombe, trop fatigué pour tenir debout, effondré dans un fauteuil au dossier brisé, vertige et je ne sais plus où j’en suis, mots dans ma bouche, images dans ma tête, ils ne signifient rien, égaré dans ma chambre, comme si j’étais tombé de très haut, brisé, et que personne ne puisse recoller les morceaux, messages : personne ne reçoit, ne décode, ne traduit.
— Comment tu vas payer le loyer ? je chantonne.
Seulement des messages envoyés depuis ma chambre, pris au piège entre la vie et la mort, une coiffeuse à dessus de marbre devant la porte.
Mais pas pour longtemps, plus maintenant.
Seulement une chambre et une femme en blanc, qui noircit jusqu’au bout de mes ongles, et des trous dans ma tête, seulement une femme qui entend des pas sur les pavés, dehors.
Seulement une femme.
Ben, j'ai déjà envie de les découvrir, ces livres !! Ils sont en haut de ma pile numérique ! ;-))
RépondreSupprimerJ'aime le noir et si les 4 en sont des bons, je prends !! Pour le moment, je suis sur Crumley, c'est lent, profond et c'est du bon !! "Fausse piste" pour le titre...
Je suis curieuse de ton avis, j'ai hâte !
SupprimerDe trois on passe à quatre, et toujours avec le même engouement ! Ma liste s'allonge, par contre va falloir que je retienne l'ordre et ça se n'est pas gagné... Magnifique chronique comme d'habitude, tu m'agaces :p mdr
RépondreSupprimerSatrape, faut que tu les lise.
Supprimerle premier : 1974.
Lance-toi, tu ne le regretteras pas.
Bonjour,
RépondreSupprimerPersonnellement, je trouve que ce dernier volet est le meilleur de la tétralogie. Je ne me souviens pas de tous les détails de l'intrigue, complexe, mais j'ai gardé en mémoire l'impact quasi physiologique qu'a l'écriture de Peace sur le lecteur.
As-tu lu d'autres titres de cet auteur ?
Sinon, je te conseille fortement GB 84 (qui retrace le conflit qui opposa les mineurs a gouvernement Tatcher).
Bonne journée.
Oui Ingannmic, je vais certainement lire GB84. Et non, le quartet est ma première exprerience de Peace.
SupprimerCe fût une lecture envoûtante et physique.