Joanie Brewer et ses enfants vivent dans une cité populaire de l'East End londonien : cris, rires, disputes, petits trafics en tous genres et volées de gamins dans les rues, voilà leur paysage. La vie est dure dans ces bâtiments de béton mal conçus, mais c'est la leur, et ils y sont attachés. Parce qu'elle est aussi pleine de solidarité, d'amitié et d'entraide. Joanie a beau gagner son pain sur le trottoir, son fils Jon Jon se tailler la réputation d'un caïd et Jeanette, sa cadette, faire le mur tous les quatre matins, quand la petite dernière, Kira, disparaît, la cité entière se met à sa recherche. Surtout Tommy, son baby-sitter obèse, un peu bizarre à vrai dire… Mais les jours passent et l'obsession de Joanie grandit : que sait exactement Tommy ?
Mon avis :
Quand Kira 11 ans, disparaît de chez elle la vie de sa famille et de toute la cité environnante devient le théâtre d'une solidarité, de celle qu'on se voue dans la misère, de celle qui surgit là où on ne l'attend pas.
Ce roman met en avant la vie de famille d'une prostituée de cité, monde de béton et misère sociale au rendez-vous.
Joanie mère de trois enfants de pères différents est une femme "bien", ce qu'elle fait elle le fait pour ses mômes et parce qu'elle ne sait pas faire autre chose non plus. Elle a du caractère et dans la cité on ne lui cherche pas des noises.
Ce roman décrit très bien ce qu'est la vie d'une femme prostituée ne pensant qu'à ses gosses. Ici, pas de mélodrame. Sa vie, elle la mène tambour battant.
Il y a ses trois enfants, Jon-Jon intelligent, doué pour la gagne, caïd respecté et beau garçon aux longues dreadlocks, Jeanette la rebelle aussi belle que sa mère et Kira 11 ans la plus jeune, attachante toujours souriante mais qui a un petit retard pour son âge.
Kira est donc aimée choyée et surveillée de près par Joanie et Jon-Jon qui prend son rôle de grand frère très à cœur. Il remplace un peu le père (les pères) absent(s).
Kira est le chouchou de son baby-sitter aussi, Tommy. Celui-ci est un personnage étrange, obèse et collectionnant les poupées Barbie. Il vit avec son père dans une ambiance plus que détestable. Il est le souffre douleur de ce père que le lecteur détestera tout de suite.
Un jour Kira disparaît ! C'est un drame abominable, Joanie devient dingue même si Paulie qui est son mac mais aussi l'homme sur qui elle peut compter est constamment près d'elle. Elle pète un câble et n'a que peu d'espoir de retrouver Kira vivante.
Jon-Jon mène son enquête aussi parmi les voyous des cités et les témoignages à l'arrache qu'il obtient sans ou avec violence.
– Et elle est où, maintenant ?
Le type eut un grand sourire.
– Désolé, fiston, motus et bouche cousue. Elle en a bavé, et je prendrai surtout pas le risque qu’Harold Rowe puisse remettre la main sur elle. Il pourrait la buter ou la faire buter par quelqu’un. Désolé.
Jon Jon comprenait très bien : il aurait protégé sa sœur ou sa fille de la même façon.
Dans ce livre tout se tient, n'y attendez pas une histoire uniquement policière, d'ailleurs l'épilogue n'est pas vraiment une surprise.
Je qualifierais plutôt ce livre de "roman noir", en effet l'auteur va au plus profond de l'âme de cette famille et de tous les personnages qui gravitent autour, que ce soit Paulie, les autres prostituées ou la kyrielle d'enfants trainant dans les escaliers d'immeubles, tout y est disséqué intelligemment, et ce sans aucune longueur. Tout est bon à prendre.
L'auteur ne s’embarrasse pas de complaisance non plus, les situations tragiques sont ce qu'elles sont, tendre ou violente, vérités et mensonges, abomination de la pédophilie très bien documentée. Je trouve que l'auteur a fait ça nickel !
Jeanette bavardait avec Liz Parker. Depuis peu, les deux filles s’entendaient comme cul et chemise.
– Alors, combien tu te fais par nuit, en moyenne ? s’enquit Jeanette.
Liz soupira et réfléchit en inclinant la tête, ce qui lui donnait l’air beaucoup plus jeune.
– Bof, normalement, dans les trois cents livres. Mais avec les soirées spéciales, je peux me faire beaucoup plus.
– C’est quoi, les soirées spéciales ? demanda Jeanette, intriguée.
– Ben, c’est celles où tu vas habillée en môme. Zéro maquillage, tunique d’uniforme et socquettes blanches…
Il n'y est pas question non plus de sensiblerie exacerbée, les situations ne sont ni enjolivées ni plus sordides qu'elles ne peuvent l'être réellement.
Une lecture qui m'a beaucoup plu ? OUI !
Et pour moi, une réelle qualité d'écriture !
Fabe
J'aime bien cet auteur, les autres romans sont aussi noirs, donc je le met dans ma liste, comme d'habitude belle chronique. Merci Fabe
RépondreSupprimerMerci Christiane, je fais toujours mon possible pour faire ressentir mes impressions, c'est pas toujours évident ! J'aime bien la façon d'écrire de cet auteur aussi !
SupprimerAaaahhhh, je savais que je ne devais pas te lire de suite !!! J'adore le côté noir, donc bien évidemment je le rajoute à ma liste et j'espère le trouver rapidement celui-ci. Merci pour cette magnifique chronique à mon grand désespoir :p
RépondreSupprimerDésespoir ? mais non mais non, tu vas le lire et être convaincue !
SupprimerL'originalité de l'histoire semble être cette solidarité des gens des quartiers populaires. Si en plus la qualité de l'écriture est là, ça ma paraît très intéressant. Je ne connais pas cette auteure. Je vais m'y intéresser à l'occasion. Belle Chronique.
RépondreSupprimerOui Valérian je suis presque sûre que cela te plaira.
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