"Je suis couvert de sang mais je suis bien. Rien à foutre.
Dans l'univers cotonneux et chaud de la défonce opiacée, le sang n'est rien. La mort n'est rien. Et moi-même je ne suis rien. Joies et chagrins se succèdent dans une espèce de brouillard confus, un ballet macabre, et rien ne subsiste de tout cela, sinon parfois, au détour du chemin, un sentiment de gâchis irréversible qui me prend à la gorge. Nos vies de parias sont comme de frêles esquifs privés de gouvernail. Sans plus personne à bord. Elles sont ballottées au creux de flots tourmentés, secouées par des vents inconnus et changeants qui les mènent à leur gré vers des côtes plus ou moins hospitalières, incapables que nous sommes de changer ne serait-ce que la moindre virgule au récit chaotique de nos existences."
Mon avis :
Le roman noir français aurait-il un nouvel auteur qui casse la baraque ? Quand je dis "casser la baraque" je veux dire un auteur qui donne du neuf, un coup de fouet à un beau panier de niaiseries. Non, tous les auteurs de noirs français ne sont pas niais ! Mais bon ..
Seulement Éric Maravélias à défaut de fouet, se sert de sa plume acérée pour nous emmener au fond de l'enfer.
La Faux Soyeuse ... titre qui à mon humble avis n'aurait pu être mieux trouvé !
Franck surnommé Eckel par les jeunes de la cité est un jeune gars qui vit principalement dans la rue avec ses potes, pas meilleur ni plus mauvais qu'un autre il fréquente les mauvais endroits, se complaît dans les mauvais coups et fait l'apprentissage de cette vie de la rue, de la nuit et de toutes les fréquentations que cela implique.
Au départ de l'histoire deux choses m'interpellent ...
Un, c'est écrit à la première personne. Deux, le parler argot, parisien et langage typique des tox.
Tout est évidemment compréhensible, ce langage est le même dans tous les pays francophones, un tox reste un tox.
Mais je me demandais si cela allait tenir sur la longueur .... genre, pas trop lasser ou devenir lourd côté écriture.
Heureuse surprise ! non seulement cela tient la route mais en plus c'est nécessaire à la profondeur, à l'assimilation de l'ambiance et à ce que vit, pense et ressent Franck.
Je reviens vers Franck ; alors qu'il en est à découvrir et se faire sa place dans le milieu des voyous, l'époque change, l'héro débarque dans les quartiers, et beaucoup tombent dans son doux filet .
Comme vous l'aurez deviné Franck tombe à pieds joints dans cet enfer cotonneux et plonge de plus en plus bas.
Car si le shoot apporte plaisir, le revers de la médaille est très très douloureux.
Avant
Au milieu des années 70, il n’y avait rien ni personne pour nous mettre en garde. Pas d’exemples vivants de la déchéance pour nous inspirer de la crainte, si tant est que ça eût marché. Aucun reportage sur la défonce ou de prévention des risques. Nous étions non seulement d’une ignorance crasse sur le sujet, mais, en plus, une curiosité presque maladive pour tout ce qui pouvait modifier nos états de conscience nous tenait.
On dit : "plaisir et douleur couchent dans le même lit" ... mais dans la vie d'un tox cet adage doit se comprendre à l'extrême ... la plupart du temps jusqu'à une mort certaine, à petit feu ... ou pas !
Dans ce roman noir l'auteur nous raconte tout, nous explique tout. Avec une apparente facilité à nous faire vivre la vie de Franck on entre dans son quotidien, dans son enfer journalier, dans ses amours, dans sa haine aussi.
Les personnages secondaires sont tout aussi attachants ou voir pas du tout, que ce soit Rachid (un peu la bête noire de Franck), Momo le petit frère, Le Vieux que tous respectent, Antoine et les autres. Tous ces gars là sont super bien décrits par l'auteur, leurs rôles dans la vie de Franck, dans sa déchéance, dans ses actions. Tout est bien placé dans les dialogues aussi, on ressent pleinement l'ambiance et ses dangers.
Sur les amours de Franck je ne vous dirai rien sauf peut-être un nom : Carole ...
Je ne vais pas vous spoiler le bouquin non plus, ce n'est pas mon habitude.
Tout est écrit sur un rythme frénétique, on ne s'ennuie pas, on fonce. On suit Franck tout au long de son "périple" de junkie.
Je vous assure aussi une fin explosive, ça vous va là ?
Un livre qui ne m'a pas fait perdre mon temps, la vie est trop courte !
Et puis j'me suis pas fait rouler non plus !
Alors !!! Vous m'avez comprise ?
Amateur de roman noir, foncez l'acheter !
C'est un premier roman écrit par Éric Maravélias, envoyé en août et publié en mars !
Un auteur à tenir à l’œil !
La page facebook de La Faux Soyeuse ici
Comme musique d'ambiance je pourrais citer "les Doors", ou Angie des Stones (non pas dédié à une fille mais à l'héro) mais j'ai plutôt décidé de vous faire vous rappeler, réécouter ou découvrir ceci, parce que j'aime bien, parce que c'est de l'époque.
Bref, parce que j'en ai l'envie, tout simplement.
Fabe
un coup de coeur quoi !!!!
RépondreSupprimer(arrête d'en parler tu tentes trop !)
Ben, je suis pas là pour parler de ta mère non plus. :P
RépondreSupprimerVoilà que tu restes dans le noir, encore un, et hop encore une envie, je cherche, je cherche, mais vais d'abord terminer les Peace car je veux connaître la suite. Encore une fois, n'est pas coutume, Merci Fabe
RépondreSupprimerMa fidèle Christiane, si tu lis celui-ci tu seras pas déçue du voyage ...
SupprimerSuper ^^ Un de plus à ajouter à la liste déjà bien loooongue ! Mais si le roman en vaut la peine, wath'else ?? ;-)))
RépondreSupprimerAu départ, j'avais pas capté le définition de "tox" et puis, tilt, "toxicomane" (un super héro"ïne"). Par contre, argh, Angie, c'est pas une fille dans cette superbe chanson des Rolling Stones ?? Faudra que je relise les paroles avec cette info dans ma tête.
Nan Cannibal, Angie à l'époque à été perçu comme le prénom de la fan de Mick mais ils ont expliqué plus tard que Angie c'était l'héroïne..
SupprimerTout fou l'camp :P
SupprimerSuis totalement sous le charme et accro <3 Magnifique chronique et joli clin d'œil aux Rolling Stones (qui m'a rappelé juin 92 =D ) Grand merci, je l'ai rajouté à ma liste. Tu es ma drogue des très bons livres <3
RépondreSupprimerTu peux, c'est un putain de bon bouquin. Un solide roman noir. Une sorte de ... fiction-vécu.
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