'> Fabebook: février 2015

mardi 24 février 2015

Les mois d'avril sont meurtriers - Robin Cook

Collection Série Noire (n° 1967), Gallimard
Première parution en 1984
Trad. de l'anglais par Jean-Bernard Piat



« – Tout ça a été bouilli, dit Bowman, et puis ne nous étendons pas sur le sujet, d'accord? Surtout en roulant, ça me donne envie de dégobiller, et j'ai vu presque tout. Voilà pourquoi il n'y a pas d'empreintes, il n'y avait plus de peau sur les doigts – on l'a fait complètement bouillir, on l'a fait cuire, tu vois?»
Un sergent dont on ne saura jamais le nom travaille, toujours seul, sur des crimes non résolus, sordides, peu médiatisés et dont tout le monde se moque. Quatre sacs ont été retrouvés bien alignés dans un entrepôt de Londres, au bord de la Tamise. Ils contiennent des restes humains et annoncent la traque implacable d'un psychopathe à l'étrange bonne conscience…




"Le noir, c'est raconter la mort aux vivants"

Mon avis :
Lorsque la police découvre un cadavre bouilli, découpé en morceaux et emballé bien proprement dans des sacs-poubelle, c'est un sergent enquêteur qui est en charge de l'affaire.
Le cliché habituel du flic écorché,  torturé et solitaire aurait pu me lasser, mais non ! C'est un enquêteur dont nous n'apprendrons jamais le nom.
Mais qu'importe... le personnage est bien travaillé et cela n'a aucune importance.
Le style : vieille école, nostalgique, perturbé et complètement désintéressé d'un quelconque avancement dans la hiérarchie sont au rendez-vous.
Il a choisi de travailler en solo et d’œuvrer au sein de la cellule A14, celle des meurtres non élucidés. Il n'a pas d'autres aspirations que celles de bosser sur des crimes de pauvres bougres. Cela contre l'avis de ses supérieurs qui insistent pour qu'il intègre une autre unité.
Très vite l'enquêteur fait ses conclusions :

Maintenant, quelle sorte de malfrat ? Les malfrats tuent souvent de la façon dont ils ont appris à le faire dans leur métier — les chimistes, les médecins, les employés de la morgue. Mais ce meurtre, c’est du travail d’artiste. À ce niveau, c’est de la tuerie de spécialiste. Il n’empêche, quelle sorte de passé ? Dans quel métier un tueur peut-il avoir appris à faire cuire un bonhomme de manière qu’on ne puisse plus l’identifier? Un cuisinier? Un boucher? Un boucher-cuisinier-tueur? Ça ne doit pas courir les rues. Et il est ordonné. Calme.

Billy McGruder est dans le collimateur de l'enquêteur. Ce sont pour moi les meilleurs moments de ce roman, les conclusions, l'ambiance ainsi que les dialogues qui s'installent entre le flic et McGruder sont intelligents, rusés et d'une forte intensité. Le flic le travaille au corps, toujours dans l'intimité,  jamais au poste.


Les assassins sont comme les militaires : ennuyeux et dangereux en même temps.


Il coince McGruder, sonne à sa porte, le pousse dans ses retranchements et lui met les nerfs à vif.
Les éléments qui font avancer l'affaire ne s'arrêtent pas là pour autant. Un politicard ou deux sont sur la sellette, mais ce qu'il se passe en amont de l'investigation de terrain n'intéresse que très peu l'enquêteur.
Toutefois, les détails au sujet de la politique du moment sont, pour ma part, un peu longuet. C'est le seul bémol que je retiens.

Encore un bon bouquin ! Mais c'est Robin Cook et l'auteur ne m'a pas encore donné de mauvaises surprises.
Bonne lecture à vous, si vous décidez de vous y mettre !
Fabe

samedi 14 février 2015

Drive - James Sallis

Rivages (28 septembre 2011)- 176 pages

Dans un motel de Phoenix, un homme est assis, le dos au mur d’une chambre, et il regarde une mare de sang qui grandit à ses pieds. Ainsi commence drive, l’histoire, selon James Sallis, d’un homme " qui conduit le jour en tant que cascadeur pour le cinéma, et la nuit pour des truands ". Dans la grande tradition du roman noir, il est " doublé " lors d’un hold-up sanglant, et bien qu’il n’ait jamais auparavant participé aux actions violentes de ses partenaires occasionnels, il se met à traquer ceux qui l’ont trahi et ont voulu le tuer.

Dédié à Ed Mcbain, Richard Stark et Lawrence Block, Drive est un roman au style affûté comme un rasoir, qui n’est pas sans rappeler l’écriture sèche et nerveuse de Jean-Patrick Manchette. Un exercice de style éblouissant de la part de James Sallis, créateur du privé Lew Griffin, poète, universitaire, traducteur en Amérique de Raymond Queneau et dont la plupart de ses romans ont été édités en Série noire.



Mon avis :

Avec Le Chauffeur (sans nom), pas de dérapage incontrôlé !

Né dans une famille de bouseux, d'un père violent et d'une mère complètement folle (qui tuera le père, à table pendant le repas familial ...) il a 16 ans quand il est placé dans une famille d’accueil.
Famille qu'il quittera en "empruntant" leur bagnole !

C'est un roman noir, court mais efficace qui a de réelles différences avec le film et comme à l'accoutumée j'ai préféré le lire.
Le chauffeur ne cherche pas les embrouilles, il fait son boulot et il le fait bien !
Après avoir rencontré Shannon qui lui apprend les ficelles du métier il devient LE cascadeur fétiche des plateaux de cinéma.
Son taf, il le fait bien. Pas besoin de plusieurs prises, c'est directement dans la boite.

Pour arrondir ses fins de mois il est aussi chauffeur pour des braquages.
Sa réputation le précède : virtuose de la cascade et de la fuite devant les condés !
Jusqu'au braquage de trop, celui qui le met en danger, celui qui le fait sortir de ses "règles".
Car le chauffeur, doué et obéissant a des règles, oui ...
-prudence
-prudence
-prudence
-... pas de vagues.
Il n'a pas spécialement d'amis non plus sauf peut-être le Doc, d'une certaine manière.

De subtils flash-back nous apprennent à mieux connaitre ce personnage atypique, la violence est sous-jacente, l'écriture fluide et cela en fait un roman intéressant et très agréable à lire.

Voilà,  j'ai dit !

Fabe