'> Fabebook: juillet 2014

mardi 15 juillet 2014

Le sable était brûlant - Roger Smith



408 pages



Date de parution: 
05/03/2014
Editeur d'origine
Calmann-Levy

 Un avis avisé de Vincent Garcia qui nous fait le plaisir de le partager avec nous !

 Merci à Vincent !



 Attention, coup de coeur !

Accusé du meurtre de sa femme et de ses enfants, Robert Dell comprend que c'est à sa vie qu'en veut Inja
Mazibuko,le flic et chef zoulou qui l'a arrêté. Désespéré, il s'attend au pire lorsqu'il est kidnappé par son père,
ancien mercenaire de la CIA, bien décidé à rendre justice lui-même.
Commence alors une traque infernale à travers une Afrique du Sud où la violence côtoie la misère et 
l'archaïsme tribal. 
Dans sa quête de vengeance, Dell croisera le chemin de Sunday, une adolescente prête à tout pour
échapper au mariage forcé auquel elle est destinée, et de Disaster Zondi, un ancien flic.


Le Washington Post dit de Roger Smith « qu’il écrit avec la brutale beauté d’un Elmore Leonard qui serait de
méchante humeur ». En fin de compte, cette affirmation paraît tout à fait correcte.
Mais ce serait réducteur de le réduire à un clone en colère d’Elmore Leonard, tant est grand son talent 
de conteur,
et son don pour créer des personnages qui vous marqueront.










Robert Dell, ancien militant pacifiste, reconverti en journaliste free-lance, est accusé du meurtre de sa femme et de ses enfants, alors qu’ils 
ont été victimes d’un accident provoqué, dont lui est sorti indemne. Il réalise par la suite que les responsables ont des connections avec la 
police et la justice.
Son père Robert Goodread, récemment libéré de prison pour raisons de santé, prison où il purgeait une longue peine en raison de son 
appartenance passée à des escadrons de la mort anti-apartheid, et qui a conservé des réseaux actifs, est la seule personne susceptible de 
lui venir en aide.
L’exécuteur des basses œuvres du ministre de la justice, Inja (le chien, en langue zouloue) Mazibuko, qui a provoqué la mort de la famille de Dell, 
est un chef Zoulou et un officier de police corrompu.
De plus il est atteint du SIDA, et selon la croyance populaire, le seul moyen de guérir serait d’épouser une jeune vierge lors d’une cérémonie 
traditionnelle, et la consommation du mariage le guérirait du virus.
Son choix se porte donc sur Sunday, jeune fille zouloue de 16 ans, dont il a jadis désiré la mère, mais sans succès.
Quelques années après, il a massacré ses parents et brûlé leur maison.

Son salut viendra de Disaster Zondi, dont nous avons fait la connaissance dans « Mélange de sangs », ancien officier de police et ami d’enfance 
d’Inja Mazibuko ,qui reçoit par inadvertance le faire part de mariage et décide de retourner dans son village natal pour enterrer les fantômes de sa 
jeunesse criminelle.
Disaster Zondi a eu dans le passé une liaison avec la mère de Sunday.

Toute cette galerie de personnages, liés par la mort de la famille de Dell, vont finalement se confondre en un tableau commun, dans un road movie 
intense et sanglant. En une écriture très fluide, il nous déroule cette histoire d’une violence extrême, d’un ton si douloureusement précis, lucide et  
fascinant que vous ne pouvez pas lâcher l’histoire, avant sa fin, évidemment tragique.

En plus d’un roman noir, c’est également un roman politique et social. L’auteur sait nous faire comprendre la lutte pour la justice et la rédemption que 
mènent Zondi,
Dell et Goodread . Ils sont le miroir de la société sud-africaine qui poursuit les mêmes buts. Et les personnages de Mazibuka et Sunday, sont 
évocateurs de la dichotomie de la culture Zouloue, entre les traditions du passé et l’intégration dans le monde moderne.
C’est un roman sur un pays encore déchiré, gangrené par la corruption, où la criminalité est endémique, les viols et les meurtres sont encore monnaie 
courante, soumis aux ravages du SIDA, et dans lequel il subsiste peu d’espoir pour une vie meilleure.




Roger Smith nous livre là un roman désespéré, un voyage au cœur des ténèbres, d’une noirceur absolue, mais par là même d’une grande beauté.

Vincent Garcia




Roger Smith
Né à Johannesburg, Roger Smith partage aujourd’hui son temps entre Le Cap et la Thaïlande.
Il est producteur, réalisateur et auteur de scénarios.


jeudi 3 juillet 2014

Un long moment de silence - Paul Colize

MANUFACTURE DE LIVRES (14 mars 2013)
POLICIERS 480 pages


2012. À la fin de l’émission où il est invité pour son livre sur la «Tuerie du Caire», un attentat qui a fait quarante victimes dont son père en 1954, Stanislas Kervyn reçoit un coup de téléphone qui bouleverse tout ce qu’il croyait savoir. 1948. Nathan Katz, un jeune Juif rescapé des camps, arrive à New York pour essayer de reconstruire sa vie. Il est rapidement repéré par le Chat, une organisation prête à exploiter sa colère et sa haine. Quel secret unit les destins de ces deux hommes que tout semble séparer ?
Dans Un long moment de silence, Paul Colize met en scène à deux époques différentes les personnages de Stanislas Kervyn et Nathan Katz. L'un est un homme d'affaire contemporain, antipathique, qui tente de comprendre la raison pour laquelle son père trouva la mort lors d'une fusillade au Caire alors qu'il n'était qu'un enfant; l'autre, rescapé des camps, décide de rejoindre un groupe de chasseurs de nazis après la seconde guerre mondiale.




Mon avis :
Aéroport du Caire le 21 août 1954 :
Lorsque plusieurs passagers d'un vol se font mitrailler sans que l'on en connaisse la raison, la possibilité d'un "cadavre exquis" est abordée.  Le fait qu' il y ait plusieurs victimes pour en masquer une seule. Voilà le départ de ce super roman que j'ai mis longtemps à ouvrir et qui s'est avéré excellent !

Stanislas Kervyn est auteur, il présente son livre dans une émission télévisée et à l'issue de celle-ci il est contacté au téléphone par un inconnu pour lui faire des révélations ! Révélations sur La tuerie du Caire,  révélations au sujet du livre de Stan. Car le père de Stan faisait partie des victimes et Stanislas a écrit ce livre pour exorciser ses angoisses dont il souffre depuis tout jeune.
Trouver les responsables de cette tuerie !
Pourquoi son père a-t-il été assassiné ?
Que faisait son père au Caire ?

Mais Stanislas n'est  pas un personnage sympathique, il est égoïste, autoritaire, il n'éprouve aucune empathie pour personne, bref il a un caractère très haïssable.
Et pour couronner le tout il souffre quotidiennement de douloureuses migraines que seules l'Imitrex et le sexe sauvage et sans sentiments semblent apaiser.
Les femmes ne sont pour lui qu'un remède comme un autre, mais un traitement efficace.

L'auteur, Paul Colize réussit tout de même à nous faire éprouver de l'intérêt pour Stanislas Kervyn (qu'en tant que femme on ne peut que détester !)
Il faut dire que Stan est intelligent, réactif et que l'auteur ne nous ballade pas en longueur dans les chapitres.

L'histoire est racontée principalement en deux époques,  la nôtre avec Stan à la recherche de la vérité sur la tuerie du Caire et puis celle de la guerre et après-guerre avec Nathan Katz.

Nathan est un jeune rescapé juif et il va avoir un rôle important dans cette histoire. Un rôle qui va mettre Kervyn sur des pistes de ce qui s'est réellement passé en 54 au Caire, mais aussi sur des  secrets de famille...
De révélation en révélation Paul Colize nous décortique avec beaucoup de talent ce qu'était une facette de la chasse aux nazis à partir de l'après-guerre.
Cette chasse aux rats qui n'a d'ailleurs jamais eût de cesse jusqu'à nos jours, même si les criminels nazis se font de plus en plus rares vu leur grand âge.
Je ne vais pas vous raconter l'histoire,  Colize le fait bien mieux que moi.
Mais ce que je peux vous dire c'est que c'est un p***** de bon bouquin !

... "Ma mère est morte le 19 octobre 1993. Un sale cancer du pancréas l’a tuée à petit feu. Son calvaire a duré plus d’un an. Un an durant lequel elle n’a jamais émis la moindre plainte. Elle est restée digne, exemplaire, jusqu’à la fin.
Une semaine avant sa mort, elle m’a demandé de prévenir Marischa et mon frère. Elle savait qu’elle n’en avait plus pour longtemps.
Ce jour-là, elle m’a parlé de mon père.
C’était la première fois qu’elle m’en parlait depuis des années. Elle se trouvait à l’hôpital Saint-Jean, rue du Marais, elle rentrait d’une ponction. Les toubibs l’avaient gavée de morphine. Nous étions seuls dans la chambre. Elle m’a souri, tant bien que mal.
..."

C'est un livre qu'on ne lâche pas. On veut savoir ! et toutes les pages nous en apprennent. Il n'y a pas de temps mort.
J'en suis même arrivée à apprécier le personnage de Stanislas Kervyn, c'est tout dire ...
Mais peut-être a-t-il des circonstances atténuantes quant à sa personnalité si détestable ?
À vous de juger !
Et puis c'est un livre qui parle d'amour, d'amour acharné, d'amour douloureux mais aussi d'espoir.

Oui c'est un livre que j'ai beaucoup aimé et que je vous conseille !
Allez-y sans hésitation !
Je me suis intéressée à un interview sur le blog : Le Blog du Polar de Velda c'est un très bel interview qui nous donne de bonnes infos sur l'auteur ! lisez-le !
Fabe