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samedi 20 décembre 2014

Grossir le ciel - Franck Bouysse

La Manufacture de Livres  2 octobre 2014


L’abbé Pierre vient de mourir. Gus ne saurait dire pourquoi la nouvelle le remue de la sorte. Il ne l’avait pourtant jamais connu, cet homme-là, catholique de surcroît, alors que Gus est protestant. Mais sans savoir pourquoi, c’était un peu comme si l’abbé faisait partie de sa famille, et elle n’est pas bien grande, la famille de Gus. En fait, il n’en a plus vraiment, à part Abel et Mars. Mais qui aurait pu raisonnablement affirmer qu’un voisin et un chien représentaient une vraie famille ? Juste mieux que rien. C’est justement près de la ferme de son voisin Abel que Gus se poste en ce froid matin de janvier avec son calibre seize à canons superposés. Il a repéré du gibier. Mais au moment de tirer, un coup de feu. Abel sans doute a eu la même idée ? Non.
Longtemps après, Gus se dira qu’il n’aurait jamais dû baisser les yeux. Il y avait cette grosse tache dans la neige. Gus va rester immobile, incapable de comprendre. La neige se colore en rouge, au fur et à mesure de sa chute. Que s’est-il passé chez Abel ?






 Mon avis :

Grossir le ciel ...

"C'est un drôle de cadeau, la vie ... ça se refuse pas, n'empêche,  on se demande parfois si y aurait pas mieux à faire que de l'ouvrir sans savoir ce qu'il y a dedans"

Franck Bouysse a écrit ici un roman remarquable.
Quelle écriture envoûtante !

Dans les Cévennes, plus précisément au lieu-dit "Les Doges" la vie est celle des saisons. Dans ce coin perdu où se côtoient montagne, prairies et forêts vivent Gus et Abel, deux fermiers, voisins de quelques centaines de mètres à peine.
Deux hommes seuls qui égrènent leur vie au rythme des bêtes, de leur terre et de plaisirs simples.
Ils n'ont pas connu autre chose depuis le jour de leur naissance et s'ils sont amis, c'est une amitié méfiante et pleine de pudeur qui est installée entre eux depuis toujours. La pudeur de deux hommes solitaires qui ont la vie rude, de celle qu'on ne rencontre plus trop de nos jours. Des hommes comme eux, ça cause pas à tort et à travers, ils n'en ont pas trop le temps non plus.
La ferme, leur terre, c'est tout ce qu'ils connaissent.

"Le seul trésor qu'ils côtoyaient chaque jour était en même temps l'expression de leur calvaire, cette nature majestueuse et sournoise, pareille à une femme fatale impossible à oublier"

L'histoire se passe en plein hiver, la neige et le froid ont fait leur apparition, après s'être occupé de ses bêtes Gus rentre dans la maison pour se réchauffer avec du café et un bon feu. Il s'occupe de Mars, son fidèle et sympathique bâtard, avec un peu de lait encore tiède qu'il vient de traire, quand il entend à la télévision l'annonce du décès de l'abbé Pierre !
Ça le préoccupe au Gus, pourtant pas spécialement attiré par les "suceurs de bible" , la mort de l'abbé ça le chamboule ! Mais Gus va aller de surprise en surprise. Il est loin d'avoir fini d'être chamboulé ....

Très vite, c'est une histoire qu'on ne peut plus lâcher, on ressent, on devine qu'un événement important se prépare.
L'auteur mêle avec doigté l'ambiance et les détails, en virtuose ! Comme je le disais plus haut l'écriture est envoûtante, captivante et riche en images.
C'est un livre court, mais tellement dense que je pourrais vous en parler encore, mais non, je vous laisse le plaisir de le découvrir par vous-même.
C'est le premier livre de Franck Bouysse que je lis. Un livre d'un auteur français qui parle de grands espaces, c'est rare. Et il le fait tellement bien !
Un auteur que je relirai !
Grossir le ciel est à lire absolument. Et si vous êtes un lecteur exigeant, croyez-moi vous ne serez pas déçu du voyage.
Fabe

"Grossir le ciel"Ici à La Manufacrure de Livres

Deux autres livres de Franck Bouysse :
- Le vagabond (Ecorce Editions)
- Pur sang (Ecorce Editions)


Franck Bouysse vit à Limoges. Il aime marcher dans les villes, s’arrêter dans un bar, écrire en écoutant Antony and the Johnsons, Billie Holiday et fumer d’immondes cigares italiens. Il publie un roman noir (L’Entomologiste), puis ensuite sa trilogie H. (Le Mystère H., Lhondres ou les ruelles sans étoiles et La Huitième lettre). Il réalise également les dossiers introductifs de l’intégrale BD de Théodore Poussin (par Frank Le Gall) et participe ça et là à divers projets collectifs.
Source :  Léon- Marc Levy : http://www.lacauselitteraire.fr/grossir-le-ciel-franck-bouysse

mardi 15 juillet 2014

Le sable était brûlant - Roger Smith



408 pages



Date de parution: 
05/03/2014
Editeur d'origine
Calmann-Levy

 Un avis avisé de Vincent Garcia qui nous fait le plaisir de le partager avec nous !

 Merci à Vincent !



 Attention, coup de coeur !

Accusé du meurtre de sa femme et de ses enfants, Robert Dell comprend que c'est à sa vie qu'en veut Inja
Mazibuko,le flic et chef zoulou qui l'a arrêté. Désespéré, il s'attend au pire lorsqu'il est kidnappé par son père,
ancien mercenaire de la CIA, bien décidé à rendre justice lui-même.
Commence alors une traque infernale à travers une Afrique du Sud où la violence côtoie la misère et 
l'archaïsme tribal. 
Dans sa quête de vengeance, Dell croisera le chemin de Sunday, une adolescente prête à tout pour
échapper au mariage forcé auquel elle est destinée, et de Disaster Zondi, un ancien flic.


Le Washington Post dit de Roger Smith « qu’il écrit avec la brutale beauté d’un Elmore Leonard qui serait de
méchante humeur ». En fin de compte, cette affirmation paraît tout à fait correcte.
Mais ce serait réducteur de le réduire à un clone en colère d’Elmore Leonard, tant est grand son talent 
de conteur,
et son don pour créer des personnages qui vous marqueront.










Robert Dell, ancien militant pacifiste, reconverti en journaliste free-lance, est accusé du meurtre de sa femme et de ses enfants, alors qu’ils 
ont été victimes d’un accident provoqué, dont lui est sorti indemne. Il réalise par la suite que les responsables ont des connections avec la 
police et la justice.
Son père Robert Goodread, récemment libéré de prison pour raisons de santé, prison où il purgeait une longue peine en raison de son 
appartenance passée à des escadrons de la mort anti-apartheid, et qui a conservé des réseaux actifs, est la seule personne susceptible de 
lui venir en aide.
L’exécuteur des basses œuvres du ministre de la justice, Inja (le chien, en langue zouloue) Mazibuko, qui a provoqué la mort de la famille de Dell, 
est un chef Zoulou et un officier de police corrompu.
De plus il est atteint du SIDA, et selon la croyance populaire, le seul moyen de guérir serait d’épouser une jeune vierge lors d’une cérémonie 
traditionnelle, et la consommation du mariage le guérirait du virus.
Son choix se porte donc sur Sunday, jeune fille zouloue de 16 ans, dont il a jadis désiré la mère, mais sans succès.
Quelques années après, il a massacré ses parents et brûlé leur maison.

Son salut viendra de Disaster Zondi, dont nous avons fait la connaissance dans « Mélange de sangs », ancien officier de police et ami d’enfance 
d’Inja Mazibuko ,qui reçoit par inadvertance le faire part de mariage et décide de retourner dans son village natal pour enterrer les fantômes de sa 
jeunesse criminelle.
Disaster Zondi a eu dans le passé une liaison avec la mère de Sunday.

Toute cette galerie de personnages, liés par la mort de la famille de Dell, vont finalement se confondre en un tableau commun, dans un road movie 
intense et sanglant. En une écriture très fluide, il nous déroule cette histoire d’une violence extrême, d’un ton si douloureusement précis, lucide et  
fascinant que vous ne pouvez pas lâcher l’histoire, avant sa fin, évidemment tragique.

En plus d’un roman noir, c’est également un roman politique et social. L’auteur sait nous faire comprendre la lutte pour la justice et la rédemption que 
mènent Zondi,
Dell et Goodread . Ils sont le miroir de la société sud-africaine qui poursuit les mêmes buts. Et les personnages de Mazibuka et Sunday, sont 
évocateurs de la dichotomie de la culture Zouloue, entre les traditions du passé et l’intégration dans le monde moderne.
C’est un roman sur un pays encore déchiré, gangrené par la corruption, où la criminalité est endémique, les viols et les meurtres sont encore monnaie 
courante, soumis aux ravages du SIDA, et dans lequel il subsiste peu d’espoir pour une vie meilleure.




Roger Smith nous livre là un roman désespéré, un voyage au cœur des ténèbres, d’une noirceur absolue, mais par là même d’une grande beauté.

Vincent Garcia




Roger Smith
Né à Johannesburg, Roger Smith partage aujourd’hui son temps entre Le Cap et la Thaïlande.
Il est producteur, réalisateur et auteur de scénarios.


jeudi 3 juillet 2014

Un long moment de silence - Paul Colize

MANUFACTURE DE LIVRES (14 mars 2013)
POLICIERS 480 pages


2012. À la fin de l’émission où il est invité pour son livre sur la «Tuerie du Caire», un attentat qui a fait quarante victimes dont son père en 1954, Stanislas Kervyn reçoit un coup de téléphone qui bouleverse tout ce qu’il croyait savoir. 1948. Nathan Katz, un jeune Juif rescapé des camps, arrive à New York pour essayer de reconstruire sa vie. Il est rapidement repéré par le Chat, une organisation prête à exploiter sa colère et sa haine. Quel secret unit les destins de ces deux hommes que tout semble séparer ?
Dans Un long moment de silence, Paul Colize met en scène à deux époques différentes les personnages de Stanislas Kervyn et Nathan Katz. L'un est un homme d'affaire contemporain, antipathique, qui tente de comprendre la raison pour laquelle son père trouva la mort lors d'une fusillade au Caire alors qu'il n'était qu'un enfant; l'autre, rescapé des camps, décide de rejoindre un groupe de chasseurs de nazis après la seconde guerre mondiale.




Mon avis :
Aéroport du Caire le 21 août 1954 :
Lorsque plusieurs passagers d'un vol se font mitrailler sans que l'on en connaisse la raison, la possibilité d'un "cadavre exquis" est abordée.  Le fait qu' il y ait plusieurs victimes pour en masquer une seule. Voilà le départ de ce super roman que j'ai mis longtemps à ouvrir et qui s'est avéré excellent !

Stanislas Kervyn est auteur, il présente son livre dans une émission télévisée et à l'issue de celle-ci il est contacté au téléphone par un inconnu pour lui faire des révélations ! Révélations sur La tuerie du Caire,  révélations au sujet du livre de Stan. Car le père de Stan faisait partie des victimes et Stanislas a écrit ce livre pour exorciser ses angoisses dont il souffre depuis tout jeune.
Trouver les responsables de cette tuerie !
Pourquoi son père a-t-il été assassiné ?
Que faisait son père au Caire ?

Mais Stanislas n'est  pas un personnage sympathique, il est égoïste, autoritaire, il n'éprouve aucune empathie pour personne, bref il a un caractère très haïssable.
Et pour couronner le tout il souffre quotidiennement de douloureuses migraines que seules l'Imitrex et le sexe sauvage et sans sentiments semblent apaiser.
Les femmes ne sont pour lui qu'un remède comme un autre, mais un traitement efficace.

L'auteur, Paul Colize réussit tout de même à nous faire éprouver de l'intérêt pour Stanislas Kervyn (qu'en tant que femme on ne peut que détester !)
Il faut dire que Stan est intelligent, réactif et que l'auteur ne nous ballade pas en longueur dans les chapitres.

L'histoire est racontée principalement en deux époques,  la nôtre avec Stan à la recherche de la vérité sur la tuerie du Caire et puis celle de la guerre et après-guerre avec Nathan Katz.

Nathan est un jeune rescapé juif et il va avoir un rôle important dans cette histoire. Un rôle qui va mettre Kervyn sur des pistes de ce qui s'est réellement passé en 54 au Caire, mais aussi sur des  secrets de famille...
De révélation en révélation Paul Colize nous décortique avec beaucoup de talent ce qu'était une facette de la chasse aux nazis à partir de l'après-guerre.
Cette chasse aux rats qui n'a d'ailleurs jamais eût de cesse jusqu'à nos jours, même si les criminels nazis se font de plus en plus rares vu leur grand âge.
Je ne vais pas vous raconter l'histoire,  Colize le fait bien mieux que moi.
Mais ce que je peux vous dire c'est que c'est un p***** de bon bouquin !

... "Ma mère est morte le 19 octobre 1993. Un sale cancer du pancréas l’a tuée à petit feu. Son calvaire a duré plus d’un an. Un an durant lequel elle n’a jamais émis la moindre plainte. Elle est restée digne, exemplaire, jusqu’à la fin.
Une semaine avant sa mort, elle m’a demandé de prévenir Marischa et mon frère. Elle savait qu’elle n’en avait plus pour longtemps.
Ce jour-là, elle m’a parlé de mon père.
C’était la première fois qu’elle m’en parlait depuis des années. Elle se trouvait à l’hôpital Saint-Jean, rue du Marais, elle rentrait d’une ponction. Les toubibs l’avaient gavée de morphine. Nous étions seuls dans la chambre. Elle m’a souri, tant bien que mal.
..."

C'est un livre qu'on ne lâche pas. On veut savoir ! et toutes les pages nous en apprennent. Il n'y a pas de temps mort.
J'en suis même arrivée à apprécier le personnage de Stanislas Kervyn, c'est tout dire ...
Mais peut-être a-t-il des circonstances atténuantes quant à sa personnalité si détestable ?
À vous de juger !
Et puis c'est un livre qui parle d'amour, d'amour acharné, d'amour douloureux mais aussi d'espoir.

Oui c'est un livre que j'ai beaucoup aimé et que je vous conseille !
Allez-y sans hésitation !
Je me suis intéressée à un interview sur le blog : Le Blog du Polar de Velda c'est un très bel interview qui nous donne de bonnes infos sur l'auteur ! lisez-le !
Fabe

mardi 24 juin 2014

Celui dont le nom n'est plus - René Manzor

Éditeur : KERO (22 mai 2014) - Roman

Londres, au petit matin. Sur une table de cuisine, gît un homme vidé de ses organes. L'assassin est une vieille dame à la vie exemplaire. Pourquoi cette femme a-t-elle sacrifié l'homme qu'elle a élevé comme un fils ? Elle est incarcérée. Pourtant, le lendemain, un autre homme est tué de façon similaire. Par la personne qui l'aimait le plus au monde. À chaque fois, les tueurs, qui ne se connaissent pas, laissent derrière eux la même épitaphe écrite dans le sang de leur victime : Puissent ces sacrifices apaiser l'âme de Celui dont le Nom n'est plus... Trois destins vont se lier autour de ces meurtres incompréhensibles : ceux de McKenna, vétéran de Scotland Yard, de Dahlia Rhymes, criminologue américaine et de Nils Blake, l'avocat de ces coupables qui ressemblent tant à des victimes. Trois destins, et trois vies détournées à jamais de leur cours. Grâce à une plume parfaitement maîtrisée, René Manzor signe un roman aux frontières de l'amour et de la mort dont on ne sort pas indemnes. Un thriller haletant et dérangeant dont vous n'oublierez plus jamais le nom...


Mon avis :
"Puissent ces sacrifices apaiser l'âme de Celui dont le Nom n'est plus..."
Mais que signifie cette épitaphe ?

Dahlia Rhymes, profileuse au FBI arrive à Londres comme simple consultante pour aider Scotland Yard dans une affaire difficile.
McKenna, chef inspecteur au DCI voit l'arrivée de Rhymes comme une empêcheuse de tourner en rond. Mais son professionnalisme prend le dessus et il accepte Dahlia dans l'enquête. Il faut dire qu'elle est douée et ne cause aucun problèmes au sein de l'équipe.

l'enquête :
"Puissent ces sacrifices apaiser l'âme de Celui Dont le nom n'est plus" ...  voilà l'épitaphe laissée près des victimes !  Des victimes atrocement mutilées chacune par un proche, en effet une vielle dame mutile et prélève un organe à l'homme qu'elle a connu enfant et le lendemain un homme fait pareil à celui qu'il aimait. Ils n'ont aucune connaissance en chirurgie et pourtant les incisions sont propres et précises. Ils ne se connaissent pas, n'ont dans leurs vies aucuns points communs !  Hormis les circonstances de leurs crimes.
Rien ne les relie si ce n'est le fait qu'après leur "crime" on les retrouve errants dans un état second, ayant tout oublié des circonstances de leurs actes et se voyant horrifiés, tétanisés par ceux qu'ils ont commis.

— Il n’a pas tué dans un accès de rage. La préparation mortuaire du corps témoigne d’un grand respect pour la victime.
— Je ne suis pas sûr que la famille partage votre point de vue.
Le détective s’accroupit et découvrit des empreintes rouges laissées par des semelles sur la moquette et, avant cela, sur le parquet. Il sortit un téléphone de sa poche et les étudia attentivement à la lumière du portable.
— Ce que je veux dire, monsieur, c’est que…
— Avant de me parler du « respect » du tueur, parlez-moi de sa pointure.
— Pardon ?
McKenna se redressa en désignant les empreintes sur le parquet.

Dès les premières pages l'écriture de René Manzor nous happe avec un texte fluide qui nous fait connaitre les personnages principaux avec doigté.
Effectivement les personnalités sont bien décrites, bien fouillées même si quelques détails sont assez "cliché" cela ne m'a pas gênée dans ce roman très "spécial". C'est un roman, un policier, un thriller ... un peu tout ça à la fois.
Bien souvent une étiquette est difficile à établir,  surtout quand l'auteur y mêle,  une enquête, un suspense, des croyances et aussi de l'amour.

Parallèlement aux enquêteurs l'avocat qui va se charger de la défense des "meurtriers" est aussi un personnage central de l'histoire.
Car si Nils Blake était un "super avocat" ne voyant que l'argent et ne fonctionnant que comme un "gagnant à tous les coups", depuis plusieurs mois il refuse catégoriquement d'exercer son métier.
Il reste enfermé chez lui où il sculpte sans relâche des figures de cyclopes.
Il vient en effet de se découvrir ce "don" qui était loin de faire partie de ses habitudes car si avant Nils aimait l'art c'était uniquement dans un but monnayable et pour briller en société.
Eh bien oui, avant sa transplantation cardiaque Nils n'aurait jamais mit les mains dans la glaise !
Il se sent "envahi" par son donneur. Donneur dont il ne sait rien mis à part ce qu'il ressent !
Que lui arrive-t-il ?
Est-t-il si différent des victimes ? ...

Vous l'aurez sans doute deviné mais ce livre aborde beaucoup de mystères aussi. Les mystères de la vie, de la mort mais aussi ceux de l'amour.

Même si il n'y a pas de réelles grosses surprises dans ce livre il est tellement bien écrit qu'il se lit avec enthousiasme,  un page-turner oui mais très captivant jusqu'à la dernière page !
Fabe


mardi 17 juin 2014

Aucune Bête aussi féroce - Edward Bunker

No Beast So Fierce (1973)
Éditions : Rivages/Noir 412 pages. Mars 1992
Traduction : Traduit de l’américain par Freddy Michalski



"Question : le grand roman des bas-fonds de L. A. ? Réponse : Aucune bête aussi féroce d'Edward Bunker. Si le jugement ne manque pas d'arguments, il peut se discuter. Mais c'est incontestablement, par sa précision et sa rigueur du détail, le meilleur livre jamais écrit sur le thème du vol à main armée - une activité criminelle à l'image surfaite et trompeuse dont les ouvrages de fiction font habituellement leurs choux gras. Quant a l'analyse qu'il nous offre de la psychopathologie criminelle, elle place le roman au rang du génie du mal, de "De sang-froid" et du "Chant du bourreau". Ce roman est d'une originalité absolue - un chef-d'œuvre noir resté négligé. Dernière minute : méfiez-vous ! Là où il vous emmène, vous ne sortirez pas intact de votre rencontre avec Max Dembo." (James Ellroy)




Mon avis :
Max Dembo dans le roman quasi autobiographique d'Edward Bunker est un multi récidiviste. Un gars qui depuis son enfance est ballotté de familles d’accueils en maisons de redressements pour aboutir en prison où il côtoie les grands criminels et se débrouille parfaitement bien pour se faire une place respectée.
En lisant ce roman on ne peut s'empêcher de penser à la vie d'Edward Bunker. Une vie passée derrière les barreaux, 18 ans quand même ...!

Max Dembo libéré en conditionnelle sort avec la ferme intention de rentrer dans les rangs. Mais .. le système judiciaire américain n'est pas un monde de bisounours.
Rosenthal, son contrôleur lui tient beaucoup trop la bride et Max craque. Entre les humiliations, l'absence totale de chance de trouver un job et sa bonne volonté qui s'épuise il brise son "contrat" de conditionnelle et retourne dans l'anonymat, dans le seul monde qu'il connait et où il peut maitriser les événements.

"Mais ce n’est pas parce que je préfère coucher avec une prostituée que je vais me mettre à attaquer un coffre au chalumeau à acétylène.
— Cela signifie que vous voulez la permission de vous conduire en maquereau.
— Non ! Non ! Je veux simplement que vous compreniez qu’on ne peut pas réduire les gens à des formules.
Je m’arrêtai pour reprendre haleine et sélectionner des expressions intelligibles parmi le tourbillon de pensées stupéfiantes qui me tournaient dans le crâne.
— L’essence même de ce que je demande, c’est que vous ne fassiez pas de cette conditionnelle une laisse qui m’étrangle.
— L’essence même de ce que vous voulez, c’est de faire ce que vous avez envie de faire, exact ?
Mon estomac sombra. Rosenthal était impassible. J’avais essayé. Des rigoles de sueur me coulaient sur la poitrine. Une pensée affreuse monta en moi comme un geyser. Et si Rosenthal avait raison ? Et si la voie du bonheur et de la paix intérieure, c’était de suivre les règles aveuglément ? Etait-il possible qu’une personne seule, avec toutes ses certitudes, pût avoir raison ? Peut-être que Rosenthal avait vu clair en moi, alors même que je m’aveuglais de paroles. Penser en ces termes, c’était comme de mettre le pied au-dessus de l’abîme. Je reculai jusqu’à la terre ferme de mes indignations cachées. J’avais essayé de me montrer honnête alors qu’on ne pouvait pas faire confiance à cet enfoiré. Dorénavant, c’est de ruse et de tromperie que j’allais me servir."

Max a besoin de tune et monte des coups, il recommence tout en sachant très bien quelles sont les seules issues possible.
Dans ce roman c'est le système carcéral américain qui est dénoncé avec beaucoup de force,  les contacts entre détenus,  les vraies et fausses amitiés à l'extérieur,  surtout quand on est en cavale ...
Mais aussi la difficulté de se réinsérer dans la société pour un ancien taulard.

Ce roman est empreint de réalité,  c'est pas du cinoche
Et bien loin des clichés utilisés de trop nombreuses fois.
C'est d'une écriture noire et sublime qu'Edward Bunker nous fait vivre la cavale de Max Dembo, ben c'est normal puisque c'est ce qu'il a vécu !
Adapté au cinéma par Ulu Grosbard et peu encensé par la critique il en est sorti "Le récidiviste"  interprété entre autre par Dustin Hoffman en 1978.

Je ne m'étalerai pas plus sur le contenu du roman. IL FAUT LE LIRE !
Mais je vais lire les deux autres : La Bête contre les murs et La Bête au ventre. Suivi sans doute de son autobiographie : L'Éducation d'un malfrat.
Que de bonnes lectures en perspective !

Fabe

"Edward Bunker (1933-2005) connut des années de prison avant de se voir publier. Il est l'auteur de la célèbre "Trilogie de la Bête" Sa réflexion sur l'univers carcéral, la discrimination raciale et la peine de mort, encore appliquée par trente-cinq Etats, demeure d'une grande actualité.
Il a joué des rôles secondaires dans certains films, notamment Le Récidiviste, avec Dustin Hoffman inspiré de son roman Aucune bête aussi féroce, et Reservoir Dogs, de Quentin Tarantino."

 

lundi 9 juin 2014

Les chiens de Belfast - Sam Millar

Seuil Policier -272 pages- 09/01/2014


Il s’en passe de belles, à Belfast, cet hiver-là…
Deux mains gauches sont découvertes dans les entrailles d’un sanglier abattu à la chasse. Vingt ans plus tôt, c’étaient des chiens sauvages échappés du zoo qui déchiquetaient les corps…
Et il ne fait pas bon s’attarder dans les bars : une femme mystérieuse — pute ou pas pute ? — attire plusieurs hommes de la ville dans ses filets , puis s’offre à leurs dépens des séances de torture raffinées avant de les achever.
Le soin de démêler les fils sanglants de cette série macabre échoit à Karl Kane, détective privé cabossé par la vie et hanté par un drame digne d’un fantasme de James Ellroy.
Et ce n’est pas la police qui va l’aider.

"L’humour noir, très noir, mais cultivé, de Sam Millar est de nouveau présent dans ce premier volet d’une trilogie policière pas comme les autres."


Mon avis :
Ceci est le premier livre d'une trilogie mettant en avant Karl Kane, détective intelligent et un peu débonnaire.  Il vit avec sa secrétaire beaucoup plus jeune que lui, et a un gros problème et pas des moindres, il souffre le martyre de ses hémorroïdes ! Oups !

Dès les premières pages ça commence fort, une écriture noire, forte et violente comme on aime.  Les détails choquants, crus, tout y est.
La suite est l'arrivée de Karl Kane dans cette enquête policière où il est engagé par un client pour découvrir une broutille ; un élément,  un détail qu'il trouve facilement et qui lui rapporte juste assez d'argent pour éponger une ou deux dettes et s'engager dans une partie de poker.

L'auteur ne manque pas d'humour (noir) et les dialogues sont plaisants à lire. La particularité de cette ambiance irlandaise est une découverte pour moi et je dois dire que c'est très bien rendu. J'ai "ressenti" Belfast, cette ambiance spéciale tout comme la mentalité des personnages. Que ce soit le détective, la pute ou les flics.

Un après l'autre des hommes sont assassinés pour des raisons que la police n'arrive pas à mettre en avant. Ou plutôt qu'elle ne désire pas approfondir.
Karl va se charger de démêler les fils et va s'apercevoir que ces meurtres sont liés.  Liés oui mais par quoi ? Et puis, quel rapport avec les premières pages du livre ? Des sangliers affamés échappés, une horde de chiens sauvages qui engloutissent des restes humains ? Une poignée de sanglants pervers sortis d'où ?

L'enquête que mène Karl est complexe et je reprocherais juste quelques "égarements" ...  En effet, si les premières pages du livre étaient très prometteuses niveau noirceur de l'écriture, en comparaison le reste est un peu ... léger.
Ceci n'est pas une grosse critique négative,  juste un basculement dans l'intrigue un peu tirée par les cheveux.
Mais ceci ne m'empêchera pas de lire le deuxième opus de cette trilogie !

Je ne donne jamais de notes à un livre mais je pourrais dire 7/10, juste à cause du bémol. Je lirai un autre Sam Millar, indépendant de "Karl Kane" pour me faire une idée plus précise de son écriture. Car je ressens un réel talent au niveau noirceur.

Un filet de sueur mêlée de sang dégoulinant de son front formait une flaque dans le creux de son épaule.
Quarante minutes plus tard, la tâche épuisante était achevée ; un rosaire de têtes tranchées ponctuait sa peau comme une ligne macabre de points de suture.
Elle aurait voulu rire de l’ironie de la chose. Dieu aurait-il voulu, sadiquement, lui offrir une planche de salut après l’avoir contemplée pendant qu’elle était violée, torturée et laissée pour morte ?
Morte… Morte… Morte…

Voilà,  est-ce un livre que je vous conseille ? Oui ! et ce malgré ce petit côté "mal dégrossi".

Fabe

dimanche 1 juin 2014

Jolie poupée - Martina Cole

Éditeur : Fayard (18 février 2009) - 467 pages



Joanie Brewer et ses enfants vivent dans une cité populaire de l'East End londonien : cris, rires, disputes, petits trafics en tous genres et volées de gamins dans les rues, voilà leur paysage. La vie est dure dans ces bâtiments de béton mal conçus, mais c'est la leur, et ils y sont attachés. Parce qu'elle est aussi pleine de solidarité, d'amitié et d'entraide. Joanie a beau gagner son pain sur le trottoir, son fils Jon Jon se tailler la réputation d'un caïd et Jeanette, sa cadette, faire le mur tous les quatre matins, quand la petite dernière, Kira, disparaît, la cité entière se met à sa recherche. Surtout Tommy, son baby-sitter obèse, un peu bizarre à vrai dire… Mais les jours passent et l'obsession de Joanie grandit : que sait exactement Tommy ?






Mon avis :
Quand Kira 11 ans, disparaît de chez elle la vie de sa famille et de toute la cité environnante devient le théâtre d'une solidarité, de celle qu'on se voue dans la misère, de celle qui surgit là où on ne l'attend pas.
Ce roman met en avant la vie de famille d'une prostituée de cité,  monde de béton et misère sociale au rendez-vous.
Joanie mère de trois enfants de pères différents est une femme "bien", ce qu'elle fait elle le fait pour ses mômes et parce qu'elle ne sait pas faire autre chose non plus. Elle a du caractère et dans la cité on ne lui cherche pas des noises.
Ce roman décrit très bien ce qu'est la vie d'une femme prostituée ne pensant qu'à ses gosses. Ici, pas de mélodrame. Sa vie, elle la mène tambour battant.

Il y a ses trois enfants, Jon-Jon intelligent, doué pour la gagne, caïd respecté et beau garçon aux longues dreadlocks, Jeanette la rebelle aussi belle que sa mère et Kira 11 ans la plus jeune, attachante toujours souriante mais qui a un petit retard pour son âge.
Kira est donc aimée choyée et surveillée de près par Joanie et Jon-Jon qui prend son rôle de grand frère très à cœur. Il remplace un peu le père (les pères) absent(s).
Kira est le chouchou de son baby-sitter aussi, Tommy.  Celui-ci est un personnage étrange, obèse et collectionnant les poupées Barbie. Il vit avec son père dans une ambiance plus que détestable. Il est le souffre douleur de ce père que le lecteur détestera tout de suite.
Un jour Kira disparaît ! C'est un drame abominable, Joanie devient dingue même si Paulie qui est son mac mais aussi l'homme sur qui elle peut compter est constamment près d'elle.  Elle pète un câble et n'a que peu d'espoir de retrouver Kira vivante.
Jon-Jon mène son enquête aussi parmi les voyous des cités et les témoignages à l'arrache qu'il obtient sans ou avec violence.

– Et elle est où, maintenant ?
Le type eut un grand sourire.
– Désolé, fiston, motus et bouche cousue. Elle en a bavé, et je prendrai surtout pas le risque qu’Harold Rowe puisse remettre la main sur elle. Il pourrait la buter ou la faire buter par quelqu’un. Désolé.
Jon Jon comprenait très bien : il aurait protégé sa sœur ou sa fille de la même façon.


Dans ce livre tout se tient, n'y attendez pas une histoire uniquement policière, d'ailleurs l'épilogue n'est pas vraiment une surprise.
Je qualifierais plutôt ce livre de "roman noir", en effet l'auteur va au plus profond de l'âme de cette famille et de tous les personnages qui gravitent autour, que ce soit Paulie, les autres prostituées ou la kyrielle d'enfants trainant dans les escaliers d'immeubles, tout y est disséqué intelligemment,  et ce sans aucune longueur. Tout est bon à prendre.
L'auteur ne s’embarrasse pas de complaisance non plus, les situations tragiques sont ce qu'elles sont, tendre ou violente, vérités et mensonges, abomination de la pédophilie très bien documentée. Je trouve que l'auteur a fait ça nickel !

Jeanette bavardait avec Liz Parker. Depuis peu, les deux filles s’entendaient comme cul et chemise.
– Alors, combien tu te fais par nuit, en moyenne ? s’enquit Jeanette.
Liz soupira et réfléchit en inclinant la tête, ce qui lui donnait l’air beaucoup plus jeune.
– Bof, normalement, dans les trois cents livres. Mais avec les soirées spéciales, je peux me faire beaucoup plus.
– C’est quoi, les soirées spéciales ? demanda Jeanette, intriguée.
– Ben, c’est celles où tu vas habillée en môme. Zéro maquillage, tunique d’uniforme et socquettes blanches…




Il n'y est pas question non plus de sensiblerie exacerbée,  les situations ne sont ni enjolivées ni plus sordides qu'elles ne peuvent l'être réellement.

Une lecture qui m'a beaucoup plu ? OUI !
Et pour moi, une réelle qualité d'écriture !

Fabe

jeudi 22 mai 2014

Ruben chez les barbares & Le cri de la moule le soir au fond du bar - Charly Green

Les Enquêtes de Ruben Quinquet, Éd. Numeriklivres 2013


Ruben chez les barbares



Angoissant. Là où JeanBé nous venge de la guerre de Cent Ans tout en risquant la pérennité de ses roubignoles.
Incroyable. Puis, c’est Napoléon qui bousille un Congrès de Criminologie.
Textuel. Où Teutons et Carolingiens s’unissent pour sauver Napoléon, malgré l’entêtement d’une lignée d’astiqueuses de binious.
Historique. Où un raccourci d’histoires trouduculières vous confronte avec la Grande Histoire.





Mon avis :
Ruben Quinquet, je vous en ai déjà parlé précédemment (Un pastis sinon rien) est commissaire au port et pas à "l'évêché" le commissariat de Marseille. (Petite précision pour ceux qui ne sont pas au fait des histoires policières se passant à Marseille).
Il est à la tête d'une équipe de déjantés notoires,  il y a JeanBé, le violent de service, celui qui est forcément doué pour obtenir des aveux, à coup de bottin téléphonique et chez qui un bas résille ne quitte jamais le fond de sa poche. Obsédé par les femmes, il est aussi un très bon flic ; le meilleur élément de Ruben Quinquet. Dans l'équipe on retrouve aussi Maxime, l'as de l'informatique.
Le principe des livres très courts (45 à 55 pages) de Charly Green reprenant les enquêtes de R. Quinquet est simple : y aller droit au but mais surtout nous faire sourire tout au long de la lecture. 45 minutes de plaisir ! En effet, l'humour de Green est à chaque pages. On ne s'y ennuie pas un seul instant. Ces livres n'ont aucune prétention,  juste celles de nous délasser !

Ruben s'en va dans le nord pour assister à une conférence,  il s'arrête chez son cousin et se voit curieux et contraint d'enquêter sur le meurtre du voisin ...
Une enquête bien ficelée et toujours aussi joyeuse à lire. Comme les livres sont courts je vous passe les explications et j'opte pour vous délivrer deux extraits.

Pour revenir au matin même, à neuf heures, elle ouvrit avec sa clé la maisonnette d’Albert Lenoir, soixante-quinze printemps au compteur, s’étonna de ne pas voir le café prêt et monta naturellement au premier étage dans la chambre à coucher. Une femme effarouchée pousse des cris aigus, mais chez les techniciennes de surface, les sirènes d’alarme sont surdémultipliées. Elle vrilla les cornets acoustiques de Riquet qui jaillit sur le trottoir séance tenante. La Ginette était déjà dans la rue à ameuter le quartier, les bras levés, elle hurlait :
— À l’assassin ! À l’assassin !
Une longue pratique de la nature humaine lui ayant fait deviner qu’on ne peut, seul, se faire déborder la cervelle…


Avec une clé tout ordinaire, JeanBé ouvrit la porte du petit bureau éclairé par un vasistas et, laissant passer l’imposante Ginette qui préférait s’incruster de biais pour ne pas froisser sa robe neuve, il referma très soigneusement et, d’un geste théâtral, remit la clé dans sa poche, avec ses bas résille.
— Asseyez-vous, je vous en prie.
La Ginette, bien docile, posa son sac en plastique noir verni sur le bureau.
— Pourquoi vous avez fermé la porte à clé ?
— Pour qu’on ne nous dérange pas.
La Ginette crispa le museau, mais s’abstint de dire ce qu’elle pensait. JeanBé s’assit sur la chaise et posa ses pieds sur le bureau.


 Le cri de la moule le soir au fond du bar


Qui n'a jamais entendu le cri de la moule le soir au fond du bar ne connait rien de la vie... C'est émotionnellement subtil quand Bernadette creuse sa grotte elle-même et que Jésus Bouillon fait son premier miracle.
Quand ça dérape, cela merdoie grave dans la moule-frite. Un imbroglio serré comme un string va plonger JeanBé dans le mysticisme pour échapper à la guerre du Kosovo...
Où l'on voit les récalcitrants tétaniser le Commissaire Ruben Quinquet, secouru par JeanBé, l’estralucide. Mais l'équipe de Ruben, soudée par l'Armagnac, va éclater une Mégane et raser un cabanon pour sauver l'honneur.







Mon avis :
Ruben et toute son équipe se retrouvent tous ensemble pour boire et manger la spécialité du bistrot sur la Canebière. Jusqu'au moment où on retrouve le taulier, Robert Ledan assassiné en pleine galipette et qui gît au fond de la cour sur le tas de coquilles de moules, le pantalon sur les chevilles.
Un départ en fanfare pour cette nouvelle enquête de Quinquet et ses hommes sur un ton toujours aussi hilarant.
Même principe, trop court pour ne pas spoiler, alors deux extraits ...  !

Elle était belle et avenante, Bernadette. Avec sa jupette au ras des miches, elle croupionnait en servant les moules. Au menu, c’était moules, frites et miches. Lorsque les gonzes songeaient à regarder ailleurs, ils découvraient des roberts aussi gros que les miches. Total, ils ne savaient plus ce qu’ils admiraient le plus. On tournait en rond et les moules refroidissaient. En attendant, ils buvaient pour se rincer le gosier que tant de trésors affichés asséchaient et Samuel continuait à compter les bouchons. Avec un sourire non dénué d’intentions, Le Robert s’extasiait et s’excitait.

Celle que je préfère, au sujet des cons !!!

C’est vraiment très difficile d’entretenir des relations avec un Con. Pas le con ordinaire, celui qu’on se bichonne, qu’on se peaufine, qu’on aime bien, mais le con absolu, celui qu’on canonise, car il est un summum. Ce genre de con est rare. Il vous déstabilise parce qu’il ne voit jamais les choses comme vous, l’angle de son regard étant plus obtus. Le vrai Con, c’est celui qui ne mesure pas la vie à la bonne aune. Doué pour la poésie pragmatique, il réduit tout à sa mesure, vous minimise l’espace, vous obture une vision qui pourrait lui donner le vertige. Voilà, le con, c’est l’anti vertigineux type. Au sens médical du terme. C’est un remède qui vous protège des grandeurs, des idéaux et des passions dévorantes. Un con, un vrai, c’est un Lexomil en dose maximale. Voilà pourquoi Ruben Quinquet aurait bien mis Gilles Graillou dans un bocal, avec un mélange judicieux de formol et d’alcool. Quand on en a un comme cela, on se le garde…

Pour ceux et celles qui aiment les enquêtes policières et qui veulent se détendre 45 minutes avec un polar déjanté,  je ne peux que vous les conseiller.
Ça fait du bien entre des polars bien noirs,  les zygomatiques en action !
Fabe

vendredi 16 mai 2014

1983 - David Peace - Quartet du Yorkshire 4

Éditeur : Rivages (3 janvier 2008) Collection : Rivages/Noir - Poche: 594 pages




En mai 1983, à la veille d’élections générales que la Dame de fer et le parti conservateur remporteront triomphalement, la petite Hazel Watkins est enlevée à Morley où, en 1974, Clare Kemplay avait disparu (voir 1974 du même auteur). Même si les instances dirigeantes de la police refusent d’établir un lien entre les deux affaires, d’autres jeunes victimes disparues avant Clare refont inévitablement surface : Susan Ridyard et Jeanette Garland. On s’en souvient, c’est sur ces affaires qu’enquêtait le journaliste Edward Dunford. Dans ce dernier volume de sa tétralogie, David Peace va dévoiler la face cachée de ces années noires.






Comme le dit Maurice Jobson dans sa dernière prière : « Je ne fais pas le bien dont j’ai envie, mais le mal dont je n’ai pas envie est ce que je fais. »

Mon avis :
Et voici la dernière étape,  le dernier opus du Quartet du Yorkshire ! Je vous le dis tout de suite, c'est un MONUMENT ! Comme ça si vous n'avez pas envie de lire ce qui suit vous pourrez passer tout de suite à la lecture de ces 4 bouquins qui pour moi sont une "fameuse découverte" dans le domaine de la littérature noire.

Contrairement aux romans du genre on pourrait aisément penser que le quatrième volume, celui qui clôture ce quartet, sera celui de toutes les révélations, je vous dirais que oui .. et non ! J'ai été obligée de retourner sur quelques informations précédentes pour y voir plus clair. Pour mieux comprendre aussi comment les fils étaient tirés.
Ce n'est pas un livre que l'on lit en vitesse, c'est une lecture sur laquelle on est obligés de s'attarder. L'écriture toujours aussi hachée, meurtrie, à la fois profonde et survolée est empreinte de violence, de souffrance et de rédemption.
David Peace est vraiment doué !

Trois voix s'y font entendre, John Piggott l'avocat,  Maurice Jobson le super-intendant de la police et Bj l'indic. Tour à tour avec des allées et venues incessantes entre les époques, entre les faits, entre les pensées et les cauchemars des uns et des autres.

1983, Hazel Atkins disparaît, Jobson enquête. Mais quel rapport avec les disparitions de 74 ?
Piggott se retrouve à défendre Michael Myskin enfermé depuis très longtemps pour le meurtre de Clare Kemplay.
Piggott semble avoir besoin de rédemption.
Jobson se souvient.
Bj se dévoile ...
Tous les flics sont-ils pourris à l'extrême ? Il semble bien que oui !
Dans cette Angleterre, à cette époque, celle de "M'dam Maggie" Thatcher, dans le Yorkshire sombre et gris, se cachent d'horribles secrets. Peu de temps après, avant et pendant que l'éventreur sévissait.

Certains, comme Piggott veulent faire la lumière,  mais le veulent-ils vraiment ?

"Par les trous on voit la lumière et il y aura justice et vengeance car par les trous on voit la lumière,  une lumière sainte pour une guerre sainte"

Les retours incessants aux affaires Atkins, Kemplay, etc ... nous retiennent avec beaucoup de concentration. Faut s'accrocher pour suivre, ou refaire quelques retours en arrière (merci la lecture numérique).

Le retour sur Jack Withehead "Le reporter de l'année" est aussi très révélateur,  oui mais révélateur de quoi ?
Au lecteur de suivre les pistes, de s'attarder et de démêler.
Chacun sa croix !

Captivant, envoûtant, sont les qualificatifs que je citerais à propos de 1983 !
Et si vous ne comptez pas lire ce Quartet avec attention, si vous voulez des explications toutes cuites ... si vous cherchez un page-turner,  ben alors, allez voir ailleurs ! Abandonnez l'idée de le commencer.
Il est impératif de lire les 4 livres dans l'ordre ! Ça vous l'aurez compris.
Par contre si vous aimez les complications, lancez-vous !
Fabe


La même chambre, toujours la même chambre ; soda, pain rassis, cendres dans la cheminée.
Je suis en blanc et je noircis jusqu’au bout des ongles, pousse une coiffeuse à dessus de marbre devant la porte pour la barricader, tombe, trop fatigué pour tenir debout, effondré dans un fauteuil au dossier brisé, vertige et je ne sais plus où j’en suis, mots dans ma bouche, images dans ma tête, ils ne signifient rien, égaré dans ma chambre, comme si j’étais tombé de très haut, brisé, et que personne ne puisse recoller les morceaux, messages : personne ne reçoit, ne décode, ne traduit.
— Comment tu vas payer le loyer ? je chantonne.
Seulement des messages envoyés depuis ma chambre, pris au piège entre la vie et la mort, une coiffeuse à dessus de marbre devant la porte.
Mais pas pour longtemps, plus maintenant.
Seulement une chambre et une femme en blanc, qui noircit jusqu’au bout de mes ongles, et des trous dans ma tête, seulement une femme qui entend des pas sur les pavés, dehors.
Seulement une femme.

vendredi 9 mai 2014

Psycho Killer - Anonyme

Éditeur : SONATINE (17 octobre 2013) 358 pages

Tout semble paisible à B Movie Hell, 3672 habitants. Jusqu’au jour où un tueur mystérieux portant un masque en forme de crâne, surmonté d’une crête iroquoise rouge, se mette à assassiner tranquillement certains des habitants de la ville. Le FBI confie l’affaire à un couple d’enquêteurs, Milena Fonseca et Jack Munson, surnommé le Fantôme, spécialiste des opérations clandestines. Bientôt de mystérieux liens apparaissent entre cette terrifiante série de meurtres et un projet top secret du Département d’État, l’opération Blackwash. Alors que la paranoïa s’empare de la ville, la collaboration entre le FBI et les autorités locales s’annonce difficile. Les habitants de B Movie Hell, bien décidés à garder leurs nombreux secrets, entendent en effet résoudre seuls et sans aide extérieure cette histoire aussi terrifiante qu’énigmatique.

Après sa tétralogie consacrée au Bourbon Kid, Anonyme nous offre un slasher jubilatoire en forme de clin d’œil aux films de série B. Est-il possible d’y résister ?





Mon avis :

Les aventures du Bourbon Kid m'avaient énormément amusée avec cette écriture innovante et complètement déjantée,  alors il fallait absolument que je m'attaque à "Psycho Killer" ! Voilà qui est fait !

Ici, contrairement au Bourbon Kid le scénario est "classique". Un barbouze, Jack Munson, presque à la retraite qui aime trop la bouteille etc ... et une femme haut-gradée qui l'accompagne sur une enquête "top secret". Quoi de plus inhabituel hein...

Le tueur, Joey Conrad est surnommé l'Iroquois, pourquoi ? car quand il assassine les gens il est affublé d'un masque en forme de crâne surmonté d'une crête rouge et sème la panique dans la petite bourgade de B Movie Hell tenue et gérée par un seul homme qui dirige et commande la plupart des habitants.

L'histoire se laisse lire très facilement vu qu'il n'y a que de l'action et des dialogues directement en rapport avec l'enquête. Des dialogues courts, précis qui entrent directement dans le vif du sujet, comme dans les livres précédents de l'auteur Anonyme.
La description des personnages de ce roman est quand même assez cliché, que ce soit au sujet de Bébé, une jeune prostituée qui a une place prépondérante dans le roman ou bien de Sylvio Mellencamp le tenancier du "Minou joyeux", (ben oui quoi, c'est le nom du bordel ... c'est astucieux non ? Pffff ).
Toute l'histoire tourne autour de Bébé, qui elle n'est au courant de rien, évidemment !
Beaucoup de poursuites et beaucoup d'action vont mener cette histoire tambour battant.

Le déroulement de l'enquête va vite, heureusement ! Si on devait se perdre dans des descriptions à rallonge je pense que j'aurais abandonné la lecture mais l'auteur n'a pas fait dans les longueurs, il va droit à l'essentiel.
Si seulement il avait inclus aussi un peu de la folie de ses livres précédents, ces situations "cliché" seraient passées comme une lettre à la poste. Mais voilà ... je trouve que ce n'était pas assez déjanté pour détrôner "Le livre sans nom" et les suivants !

Le tueur est doué et astucieux et on devine vers la moitié du livre qu'il est loin d'être fou. Il est aussi très énigmatique puisque l'auteur n'en parle qu'au travers de ses agissements et des indices que relèvent les enquêteurs. L'Iroquois se borne à découper un tas de gens en rondelles, mais il suit un chemin bien défini ...
Les situations et les pistes de l'enquête se précipitent bien, là l'auteur s'est donné la peine de ne pas nous laisser nous endormir.
Il nous délivre des surprises et des rebondissements auxquels je ne m'attendais pas, du moins pour quelques uns. Quand à l'enquêteur Munson, il est tout à fait crédible dans son rôle et il va nous amener au dénouement avec une logique parfaite.
Par contre il manque le visuel, vous savez ... cette ambiance, cette description des lieux qui nous font mieux nous imaginer le terrain sur lequel on évolue. Dommage !

L'épilogue est un peu (un tout petit peu seulement) surprenant et laisse présager qu'il y aurait peut être une suite. Ceci n'est qu'une opinion toute personnelle.
Ce dernier roman de l'auteur Anonyme est un bon tourne-pages ... mais sans grande valeur d'écriture.
Ça se laisse lire mais ne laisse pas la trace que m'a laissé le Bourbon Kid. (Même si le Bourbon Kid n'avait pas beaucoup de valeur dans l'écriture non plus, mais il avait le mérite d'être très surprenant et fort déjanté).

Conclusion : mon avis est mitigé. Ni très bon ni très mauvais ... mais qui devrait plaire à beaucoup d'autres lecteurs.
Fabe

dimanche 27 avril 2014

1980 - David Peace - Quartet du Yorkshire 3

Éditeur : Rivages (6 avril 2006) Collection : Rivages/Noir Poche: 522 pages


Après 1974 et 1977, David Peace poursuit sa chronique de l'ouest du Yorkshire, où les gens vivent dans la peur. Plusieurs années ont passé et l'éventreur continue à sévir malgré tous les efforts de la police.
Les femmes n'osent plus sortir le soir. La psychose monte, chacun soupçonne son voisin et le mal semble même avoir gangrené les forces de l'ordre.
Y a-t-il un flic honnête dans le comté du Yorkshire ?
Il y a Peter Hunter, seul contre tous. L'homme qui va enquêter sur les enquêteurs. Creuser à mains nues et ramener la boue. Creuser la tombe de ses collègues corrompus ou la sienne ? À travers le personnage de Peter Hunter, directeur adjoint de la police de Manchester, David Peace brosse dans une langue incantatoire le tableau palpitant, écorché et violent, d'un lieu et d'une époque confrontés au chaos.



Mon avis :
J'ai abordé ce troisième volet avec dans l'idée de continuer encore dans ce flou, cet étrange et prenante écriture hachée, meurtrie et pleine de fantômes dans la tête du ou des narrateurs.
Et bien ici l'écriture, l'histoire ... est racontée de façon un peu plus "classique".
Si on peut dire de Peace, écriture classique ... ce dont je doute.
Il existe dans 1980 une chronologie des faits plus aboutie.

Peter Hunter, Directeur Adjoint de la police de Manchester reçoit pour mission de redémarrer toute l'enquête sur l'éventreur du Yorkshire. On lui octroie une équipe, on lui donne accès aux dossiers d'enquêtes des différents départements et commence alors des retours aux premiers meurtres et toutes les difficultés rencontrées au fil de cette enquête des enquêtes.
Si Hunter n'est pas aussi assailli de cauchemars éveillés que Jack Withehead (voir 1977) il n'est pas exempt de pensées noires, l'absence d'un enfant dans son couple, des cauchemars et insomnies à répétition font de lui un personnage moins noir, moins torturé que les narrateurs de 1974 et 1977. Mais Hunter est quelqu'un d'intègre.
"Saint con !"

"Ensorcelé, je meurs."
La rencontre entre Hunter et Jack Withehead couché et attaché sur un lit d'hôpital, est fort révélatrice d'un mystère entourant les angoisses fantomatiques de Jack dans l'opus 1977. Une révélation de Peace qui nous éclaire plus encore sur les protagonistes de l'affaire de l'éventreur et aussi sur le fameux exorciste ... (lire absolument dans l'ordre pour compréhension).

Hunter va aller au fond des choses, explorer toutes les pistes, tomber et retomber inlassablement sur les agissements des enquêteurs ...  pourriture comprise, ... surtout !
Et Hunter va morfler.
"Saint con !"

Une chronologie et des fils tirés un à un sur les meurtres commis par l'éventreur du Yorkshire sont déroulés avec doigté pour la compréhension du lecteur.
Mais pas que : il y est aussi question de la corruption de la police, de l'ambiance grise et terne du nord de l'Angleterre et de son climat politique de l'époque.


Et si comme moi vous avez une lacune ou que votre mémoire vous fait un peu défaut sur le sujet, allez voir les informations au sujet de l'éventreur,  Peter Sutcliff qui a fait trembler l'ouest du Yorkshire du 30 octobre 1975 au 17 novembre 1980. Ici par exemple : William Peter Sutcliff.

Comme les deux précédents, ce livre m'a énormément éblouie, subjuguée par son écriture et il me reste encore à lire le dernier opus, 1983.
Je ne manquerai évidemment pas de vous en parler bientôt.

Est-ce que je conseille ce livre aux acharnés de roman noir ?
Est-ce que la question se pose ?
Lisez ce quartet et venez nous dire ce que vous en pensez.

Suite au prochain épisode .... 1983
Fabe.

"La quitte pour une autre…
Yorkshire, putain de Yorkshire…
Yorkshire primitif, Yorkshire médiéval, Yorkshire industriel…
Trois âges, trois âges de ténèbres…
Âges des ténèbres locaux…
Décrépitude locale, décrépitude industrielle…
Meurtre local, meurtre industriel…
Enfer local, enfer industriel…
Enfers morts, âges morts…
Marécages morts, usines mortes…
Villes mortes…
Les corbeaux, la pluie, et leur Éventreur…
L’Éventreur du Yorkshire…
Ce putain d’Éventreur du Yorkshire."

samedi 19 avril 2014

Green river - Tim Willocks

Éditeur - Sonatine - Date de parution 01/04/2010 (410 pages)

Green River, pénitencier de sécurité maximale au Texas. Un véritable enfer dans lequel, entre tensions raciales et violences quotidiennes, vivent cinq cent âmes perdues. Un univers sans pitié où le silence n’existe pas, l’obscurité non plus. C’est là que Ray Klein, ancien médecin, purge sa peine, en travaillant à l’infirmerie. Alors que sa libération approche, une émeute éclate dans la prison. Au milieu du chaos et de l’anarchie, Ray, qui est tombé amoureux de Juliette Devlin, psychiatre judiciaire, va tout mettre en œuvre pour la sauver alors qu’elle est séquestrée avec ses patients dans l’infirmerie.

Avec ce huis clos impitoyable peuplé de figures effrayantes, depuis John Campbell Hobbes, directeur de prison jusqu’à Henry Abbott, meurtrier schizophrène, Tim Willocks nous offre un portrait terrifiant de la vie carcérale. Il nous donne surtout un thriller prodigieux, au rythme haletant et au suspens oppressant.



Mon avis :
Le personnage central de l'histoire est Klein, appelé "Doc" par les détenus comme par les gardiens. C'est un homme fort, un caractère en acier et c'est celui qui va se battre comme un lion dans l'enfer d'une sanglante émeute qui va complètement ravager le pénitencier de Green River.
C'est aussi l'histoire d'un panoptique carcéral. La prison en elle même est une forteresse conçue pour ne laisser passer aucun coin de ciel bleu.

Tous les personnages de ce roman ont des personnalités fortes, même les plus faibles. Que ce soit Claude, ou plutôt Claudine qui gère son "couple" avec  Agry. Wilson, un noir champion de boxe. Coley, infirmier depuis trente ans .. et encore d'autres personnages haut en couleur.

Devlin, femme libérée,  passionnée et secrètement amoureuse de Klein est psychiatre à Green River. Elle travaille sur un mémoire concernant le comportement des sidéens et de l'impact d'une mort certaine en milieu carcéral. Travail qu'elle accompli avec Klein et Coley. Deux fois par semaine elle passe les portes de Green River pour se rendre à l'infirmerie et y accomplir son travail.
Elle a une autre obsession,  celle de baiser à mort avec Klein. Une obsession tenue secrète jusqu'à ce jour ...



En fait, elle avait dit à Catrin, sa copine, qu’elle avait envie de lui sucer la bite et qu’il la baise par-derrière sur le pont d’un langoustier au milieu d’une tempête pendant qu’elle passerait un bras entre ses jambes pour lui caresser les couilles.


- La prison est dirigée par un grand malade mégalomane et psychotique,  le directeur Hobbes va pousser le bouchon aussi loin que possible pour provoquer l'émeute.
Dès le début du livre ça se sent, ça pue la provocation et le sadisme. Bref Hobbes est une belle ordure !

Willocks ne fait pas dans la dentelle,  tous les personnages ont une âme noire, des cinglés prêts à tout pour un quelconque avantage. Que se soit pour un peu de confort ou de sexe.
Ah ben, parlons sexe, Tim Willocks nous le fait fort. Ce livre est un très bon roman noir mais aussi une grosse queue à lui tout seul (pour rester dans le langage de l'auteur).
À ce sujet il ne nous épargne rien. Tous les détails que vous pouvez imaginer, et même plus, sont décrits avec beaucoup de "réalisme" ...
Le langage est vulgaire pour la grosse part des dialogues mais ce sont les situations et la personnalité de la population carcérale qui l'exigent.

Par contre, niveau psychologie, c'est pointu ! Willocks en tant que psychiatre de profession décortique avec brio la psychologie de chaque protagonistes, chacun son histoire, chacun ses défauts et qualités, chacun sa façon d'agir et de penser.

Terry devint encore plus pâle. Il voulut parler, n’y arriva pas, déglutit et essaya encore.
« Alors tu vas… Je veux dire c’est pas seulement une…
— C’est ça, Dennis, dit Agry. C’est la guerre. Tonnerre des armes. Tempête du désert. La blitzkrieg. Appelle ça comme tu veux, putain. On va démolir les négros et tous ceux qui se mettront en travers. »

Cette histoire traite aussi très fortement de haine raciale et est une excellente vision de l'univers carcéral américain. Mais pas que ... c'est un roman époustouflant ! d'une grande violence !
Du début à la fin !

Agry avait l’intention d’incendier la Vallée des coureurs de fond, de la raser, et de pisser sur les cendres des nègres.

Willocks m'a bel et bien embarquée dans cette histoire que j'ai beaucoup appréciée.  C'est son premier livre écrit avant Bad City blues.

Je vous conseille de le lire ? Ben oui ! Absolument !

Fabe

jeudi 10 avril 2014

Le reflet de la salamandre - Philippe Boizart

166 pages Éditions Ex-Aequo  (24 mai 2013) Thriller




Paris, 5ème arrondissement. Une jeune femme est retrouvée atrocement mutilée dans un terrain vague le long de l’autoroute. Les sévices qui lui ont été infligés n’augurent rien de bon quant à la folie des meurtriers. Pour Camille, dont la vie privée va se retrouver intimement liée à cette affaire, et Mathias, enquêteurs au 36, Quai des Orfèvres, c’est le début d’une course effrénée contre la mort qui va éprouver toutes leurs convictions. Tour à tour chasseurs ou gibiers, les deux officiers accompagnés de Sophie, leur amie médecin légiste, vont vivre une traque infernale et bouleversante.






Mon avis :

Entre deux lectures fortes, noires et franchement excellentes, un peu de lecture plus légère avec ce thriller m'était nécessaire.
(Et là je me rends compte que pour moi, la lecture d'un thriller, c'est léger ... oups)
Le reflet de la salamandre  est un thriller court et bien structuré. Le sujet n'est pas exceptionnel, maintes fois abordé,  mais l'écriture est fluide et va droit au but.

Camille Doussey, commandant au 36 quai des orfèvres est appelée sur les lieux d'un meurtre extrêmement violent. Elle est accompagnée par Mathias, son binôme et ami dans la vie.
Après avoir passé la nuit avec Alex, un beau gars rencontré la veille, Camille est au mieux de sa forme, mais est loin de se douter de ce qui l'attend sur l'enquête qui démarre avec la découverte du corps d'une jeune femme assassinée.

La victime a été rouée de coups, violée et tailladée un grand nombre de fois. Comme si cela ne suffisait pas, le tueur a emporté son scalp !

Sur les lieux du crime, rien, pas un indice, pas une trace, pas d'empreinte. Si ce n'est un briquet ; Un zippo avec comme dessin une salamandre et le chiffre 1.

Camille manque de défaillir, ce briquet elle l'a vu cette nuit, dans les mains d'Alex. Et ce briquet est assez exceptionnel pour ne pas être fabriqué en série. Cette même nuit elle s'en était fait la réflexion.

Le tueur, pour une raison que l'on découvre au fil de l'histoire continue son œuvre, des meurtres vont encore être découverts. Des femmes, dont le tueur emmène à chaque fois le scalp !
Et comme Camille et son équipe ne connaisse pas son identité,  ils l’appelleront, Cochise ! Et pourquoi pas ?

L'histoire se déroule vite, la chronologie des faits est bien respectée.  C'est un thriller qui se lit d'une traite avec plaisir.

Si la fin ne m'a pas étonnée ni éblouie j'ai beaucoup apprécié la lecture de ce livre !

Alors ... envie d'un moment de détente sans se casser la tête ?
Allez-y avec Le reflet de la salamandre !

Fabe

L'auteur :
Philippe Boizart est né en février 1973. Il est Ingénieur Territorial en voirie et espaces publics au sein de Lille Métropole Communauté Urbaine. Passionné de littérature et de poésie voici son premier thriller. Il partage son affection pour les livres avec celle qu’il cultive pour le 7ème Art depuis l’enfance.

vendredi 4 avril 2014

La Faux Soyeuse - Éric Maravélias

Date de parution : 31/03/2014 - Éditeur : Gallimard - Collection : Série Noire



"Je suis couvert de sang mais je suis bien. Rien à foutre.
Dans l'univers cotonneux et chaud de la défonce opiacée, le sang n'est rien. La mort n'est rien. Et moi-même je ne suis rien. Joies et chagrins se succèdent dans une espèce de brouillard confus, un ballet macabre, et rien ne subsiste de tout cela, sinon parfois, au détour du chemin, un sentiment de gâchis irréversible qui me prend à la gorge. Nos vies de parias sont comme de frêles esquifs privés de gouvernail. Sans plus personne à bord. Elles sont ballottées au creux de flots tourmentés, secouées par des vents inconnus et changeants qui les mènent à leur gré vers des côtes plus ou moins hospitalières, incapables que nous sommes de changer ne serait-ce que la moindre virgule au récit chaotique de nos existences." 







Mon avis :
Le roman noir français aurait-il un nouvel auteur qui casse la baraque ? Quand je dis "casser la baraque" je veux dire un auteur qui donne du neuf, un coup de fouet à un beau panier de niaiseries. Non, tous les auteurs de noirs français ne sont pas niais ! Mais bon ..
Seulement Éric Maravélias à défaut de fouet, se sert de sa plume acérée pour nous emmener au fond de l'enfer.

La Faux Soyeuse ... titre qui à mon humble avis n'aurait pu être mieux trouvé !

Franck surnommé Eckel par les jeunes de la cité est un jeune gars qui vit principalement dans la rue avec ses potes, pas meilleur ni plus mauvais qu'un autre il fréquente les mauvais endroits, se complaît dans les mauvais coups et fait l'apprentissage de cette vie de la rue, de la nuit et de toutes les fréquentations que cela implique.

Au départ de l'histoire deux choses m'interpellent ...
Un, c'est écrit à la première personne. Deux, le parler argot, parisien et langage typique des tox.
Tout est évidemment compréhensible, ce langage est le même dans tous les pays francophones, un tox reste un tox.
Mais je me demandais si cela allait tenir sur la longueur .... genre, pas trop lasser ou devenir lourd côté écriture.

Heureuse surprise ! non seulement cela tient la route mais en plus c'est nécessaire à la profondeur, à l'assimilation de l'ambiance et à ce que vit, pense et ressent Franck.

Je reviens vers Franck ; alors qu'il en est à découvrir et se faire sa place dans le milieu des voyous, l'époque change, l'héro débarque dans les quartiers, et beaucoup tombent dans son doux filet .
Comme vous l'aurez deviné Franck tombe à pieds joints dans cet enfer cotonneux et plonge de plus en plus bas.
Car si le shoot apporte plaisir, le revers de la médaille est très très douloureux.

Avant
Au milieu des années 70, il n’y avait rien ni personne pour nous mettre en garde. Pas d’exemples vivants de la déchéance pour nous inspirer de la crainte, si tant est que ça eût marché. Aucun reportage sur la défonce ou de prévention des risques. Nous étions non seulement d’une ignorance crasse sur le sujet, mais, en plus, une curiosité presque maladive pour tout ce qui pouvait modifier nos états de conscience nous tenait.

On dit : "plaisir et douleur couchent dans le même lit" ... mais dans la vie d'un tox cet adage doit se comprendre à l'extrême ... la plupart du temps jusqu'à une mort certaine, à petit feu ... ou pas !

Dans ce roman noir l'auteur nous raconte tout, nous explique tout. Avec une apparente facilité à nous faire vivre la vie de Franck on entre dans son quotidien, dans son enfer journalier, dans ses amours, dans sa haine aussi.
Les personnages secondaires sont tout aussi attachants ou voir pas du tout, que ce soit Rachid (un peu la bête noire de Franck), Momo le petit frère, Le Vieux que tous respectent, Antoine et les autres. Tous ces gars là sont super bien décrits par l'auteur, leurs rôles dans la vie de Franck, dans sa déchéance, dans ses actions. Tout est bien placé dans les dialogues aussi, on ressent pleinement l'ambiance et ses dangers.

Sur les amours de Franck je ne vous dirai rien sauf peut-être un nom : Carole ...
Je ne vais pas vous spoiler le bouquin non plus, ce n'est pas mon habitude.

Tout est écrit sur un rythme frénétique, on ne s'ennuie pas, on fonce. On suit Franck tout au long de son "périple" de junkie.
Je vous assure aussi une fin explosive, ça vous va là ?

Un livre qui ne m'a pas fait perdre mon temps, la vie est trop courte !
Et puis j'me suis pas fait rouler non plus !

Alors !!! Vous m'avez comprise ?
Amateur de roman noir, foncez l'acheter !
C'est un premier roman écrit par Éric Maravélias, envoyé en août et publié en mars !
Un auteur à tenir à l’œil !

La page facebook de La Faux Soyeuse ici

Comme musique d'ambiance je pourrais citer "les Doors", ou Angie des Stones (non pas dédié à une fille mais à l'héro) mais j'ai plutôt décidé de vous faire vous rappeler, réécouter ou découvrir ceci, parce que j'aime bien, parce que c'est de l'époque.
Bref, parce que j'en ai l'envie, tout simplement.
Fabe